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- Site actualisé le : 25 Juillet 2013 |
L'insurrection du 20 août 1955
La préparation par Zighoud Youcef
Zighoud Youcef, succédant à Didouche Mourad tombé les armes à la main dans la région de Smendou, est le nouveau chef de la wilaya 2 nord constantinois. Partant du principe « qui a le peuple, a la révolution », il fait part à ses lieutenants Bentobal et Benaouda de l'idée d'un soulèvement général avec la participation de la population musulmane. Afin de programmer cette révolte, il procéda aux préparatifs en deux étapes.
Une première réunion eut lieu à Boussator, douar Lakhal, commune de Sidi Mezghiche.
Elle rergroupera 150 Moudjahids et aura pour but de connaitre la situation générale qui prévalait dans la zone 2 afin de déterminer les moyens humains et matériels et préparer l'action. Lors de ce premier contact il a été décidé de procéder au recensencement de toutes les armes disponibles au sein de la population musulmane et de contacter les Algériens travaillant dans les mines et les carrières pour se procurer des explosifs.
Cette réunion aboutit aussi à une décision importante : "Lancer un avertissement par l'envoi de lettres aux personnalités algériennes en contact avec les forces françaises leur demandant de s'éloigner de la ligne Soustelle et de se rallier à la révolution car le colonisateur, profitant de certaines hésitations, donna certains droits à des partis politiques de l'époque dont l'activité officielle continuait malgré l'appel du 1er novembre 1954. Il fallait donc combattre cette ligne et les hommes des partis qui s'y accrochaient pour éviter qu'ils soient un alibi à la France qui voulait freiner la révolution." Sources le cahier journal de Si Messaoud Boudjeriou.Une deuxième réunion eut lieu au Djebel Zamane, à Koudiet Daoud, à 17 Km de Skikda, après les préparatifs qui durèrent 20 jours jusqu'au 12 juillet 1955. Zighoud Youcef désignera les responsables qui seront chargés de mener l'attaque dans leurs secteurs respectifs... Amar Chettaibi fut désigné responsable de la Nahia de Collo.
Le 20 Août 1955 à Collo.
À Collo, comme dans le reste du pays, la France déplore plusieurs morts. Le début de l’émeute est marqué par l’éclatement d’une bombe à onze heures cinquante dans le restaurant Galéa. Au moment de l’attentat, l’auxiliaire nord-africain Athmane Boumaraf se trouve dans un restaurant voisin. Il est seul. Il court alors vers les lieux en criant : « il s’agit d’une bombe, je vais avertir la brigade ». Ses camarades ne le revoient plus de la journée. À vingt-trois heures, son cadavre est retrouvé dans une chambre, au premier étage de l’hôtel Hassani. Les traces de sang retrouvées sur les lieux laissent présumer que l’auxiliaire Boumaraf, mortellement atteint dans la rue, face à l’hôtel alors qu’il regagnait la caserne, a trouvé la force de se réfugier dans une chambre vide. Le 20 août, deux autres gendarmes de Collo se rendent sur les lieux de l’explosion. Le maréchal des logis-chef Riou, commandant de brigade, et le gendarme Charles Parickmiller comprennent rapidement la gravité de la situation et décident de retourner au plus vite à la caserne. Mais, sur le trajet, les deux militaires sont pris sous le feu de rebelles postés aux abords. Le gendarme Parickmiller, mortellement atteint de plusieurs balles, tombe à la hauteur de la porte de son domicile. Le maréchal des logis-chef Riou, quant à lui, est blessé à la cuisse droite lorsqu’il arrive aux jardins de la brigade. Il parvient à se réfugier dans l’école mitoyenne de la caserne. Durant la journée du 20 août, le gendarme Joseph Simon, tireur à bord d’un half-track, est mortellement blessé au cours d’un combat de rue dans Collo, en participant à la réduction d’un îlot de résistance tenu par les rebelles.
La répression coloniale aux émeutes.
L’écrasement de la révolte de 1955 est rapide. L’armée déploie toute sa puissance pour poursuivre les responsables des émeutes. Les militaires accroissent leur efficacité grâce à la connaissance du terrain par les gendarmes. La répression prend alors une ampleur considérable et le bilan officiel s’établira à 1 273 morts. Il apparaît cependant certain que ce chiffre a été sciemment sous-estimé et que l’on peut le multiplier par dix.En effet, la soif de vengeance de la communauté européenne est d’autant plus grande que les rescapés ont noté la complicité de leurs proches musulmans dans l’émeute. Comme en 1945, des milices privées se constituent, à l’appel notamment des maires, pour assurer elles-mêmes une justice expéditive. La folie meurtrière change de communauté. Voici un témoignage du commandant de la section de Philippeville en date du 30 août 1955 qui fournit une excellente analyse de la situation.
« Dans la circonscription, explique-t-il, les populations européennes isolées dans les campagnes, ont reflué vers les centres. Elles ont pratiquement cessé toute activité professionnelle (…) L’indignation, la peur, le désir de vengeance sont les sentiments dominants actuellement dans l’esprit des Européens. Ils reprochent aux pouvoirs publics de n’avoir pas pris en temps utile la décision d’armer ou de protéger par les troupes les centres européens (…) On accuse l’administrateur et surtout la justice de mollesse, de manque d’énergie, même de carence. Les Européens les plus dynamiques sont prêts à se lancer dans l’aventure, décidés à se faire justice eux-mêmes à leur façon. »
« Les autres cherchent à vendre leurs biens pour partir en métropole, d’autres partent déjà, laissant leur commerce, leur entreprise, leur ferme en sommeil, décidés à ne revenir que quand la situation sera éclaircie. (…) La population musulmane se tient coite pour l’instant, plus exactement celle qui, apparemment, n’a pas prêté la main aux événements du 20 août, cherche à passer inaperçue (…) Dans certaines régions, les habitants musulmans sont partis avec leur famille. Des mechtas sont vides, leur population ayant disparu avec ce qu’elle pouvait emporter, dans les forêts montagneuses de la circonscription. »
« Les ouvriers des fermes ne viennent plus travailler. En ville, seuls circulent et travaillent ceux qui, le 20, se trouvaient chez leurs employeurs et que ceux-ci, par conséquent, ne peuvent soupçonner d’avoir trempé peu ou prou dans les émeutes. La population musulmane saine est pleine d’appréhension et craint d’être victime du contre-coup des évènements. La population complice volontairement ou non a disparu ou reste enfermée chez elle. »
Le repositionnement du FLN
Le FLN ne désarme pas et n’ayant pas réussi son action spectaculaire reprend l’action clandestine (coups de main – destruction, etc.)
La révolte, loin d’être matée, s’intensifie dans les mois suivants et, dès la fin du mois d’août, le gouvernement français procède à un rappel des réservistes. C’en est fini dès lors du mythe des opérations ponctuelles de maintien de l’ordre. Les événements d’Algérie passent alors à une autre étape de la guerre qui ne dit pas encore son nom.
Les Conséquences du 20 août 1955.
Les principales répercussions des émeutes d’août 1955 sont de changer le visage de la guerre. Les atrocités commises d’un côté et la brutale répression de l’autre dressent un mur de haine infranchissable entre les communautés musulmane et européenne d’Algérie. Chez les musulmans, un effet recherché par les nationalistes algériens se produit enfin : l’opinion modérée, jusqu’alors réservée ou hostile à l’égard de la rébellion bascule. C’est le cas du docteur Bendjelloul et de Ferhat Abbas, dont le neveu a pourtant été abattu par le FLN. Chez les Européens, en revanche, une véritable psychose s’empare de la population qui devient prête à appliquer les solutions les plus radicales pour assurer sa survie sur son sol natal. Toutes les conditions sont donc réunies pour que la guerre d’Algérie s’enracine pour quelques années.
Denis Mourad Chetti. 2008
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