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- Site actualisé le : 25 Juillet 2013 |
Nabile Fares
Clic sur la couverture
du livre pour la biographie de l'auteur.
"La Mort de Salah Baye ou la vie obscure d’un Maghrébin"
« ...Feuilles dispersées dans plusieurs villes et pays, en exemplaires froissés, presque prisonniers : j'avais à rendre compte des multiples écrits dont je ne connaissais pas le sens... " Condition de l'écrivain, du journaliste, ou de l'émigré qui parle des multiples parcelles de vies qui composent encore, peut-être même par simple défi, son... retour, organisé par " Ceux qui construisent par Gouvernements interposés cette Station d'Arenc Ouverte sur l'Immensité ". Ce livre risque de surprendre par la violence des crises et mouvements intérieurs, qui traversent la vie, la mort d'un journaliste. Et : " Je veux bien leur apporter des fleurs tous les jours, même si la moelle de mes os doit en souffrir, car je n'aimerais pas être pris pour un simple corps d'expulsé. »
"L’Exil et le Désarroi" Extraits :
« J'ai vu et, j'ai lentement traversé le dérisoire lieu du retour.
Traversé la cour où nulle herbe ne pousse où nulle parole ne parvient
où nulle offrande n'existe.
Ainsi j'ai poussé la porte du lieu, et ma gorge s'est gonflée de colère, haine, désespoir.
J'ai poussé la porte du lieu, et, j'ai vu L'agneau mort.
Celui dont j'aurais pu être le gardien coutumier pour notre bonheur.
Innocence.
J'ai poussé la porte du lieu et, quelque chose s'est brisée en moi.
Comme une larme.
Ou, un plaisir. Désanimé. J'ai poussé la porte du lieu, et, j'ai pu parvenir à l'intérieur de ma durée,
car l'intérieur venait de se fissurer. C'est alors que je me suis mis à frapper. Oui : à frapper.
Le long cou de la terre. Et son insignifiance immédiate. J'ai frappé. Pour que la terre parle.
Dise. Parle. Comme nous. A son tour. Du malheur. Du bonheur. De la vérité. De nos Ignorances. »
"Chants d’histoire et de vies" : Culture et actualité sahraouies
Rares sont les ouvrages qui traitent de manière globale de l'histoire d'un pays pour faire part, à qui veut les lire, des aspirations, des rêves, des productions de son peuple.
L'esthétique du langage : Pour qui le connaît parfaitement, Nabil Farès est l'artisan du verbe. L'histoire d'un peuple est rapportée par des chants d'histoire dans un style concis, plein de non-dits et de métaphores ; c'est tout ça qui fait l'esthétique du langage. Le poète ne parle pas à la façon d'un homme politique. Il se permet toutes sortes de transgression dans l'agencement des phrases, la succession des vers. On parle de chansons, il ne peut donc s'agir que de poésie élaborée et orientée vers un thème qui ne peut normalement intéresser que les concernés : les Sahraouis. La preuve est que tout en évitant toute forme d'agrammaticalité et d'asémantisme, l'auteur a produit des textes poétiques s'inscrivant dans la perspective de l'engagement. Le discours poétique s'appuie beaucoup sur l'aspect psychologique des êtres de chair et d'os, contrairement aux discours qui souvent font abstraction de la dimension humaine. Nabil Farès a aussi la faculté de produire des calligrammes sur des sujets qui n'intéressent guère.
S'agissant du peuple sahraoui, on pense tout de suite à une longue colonisation, à l'impérialisme culturel ainsi qu'à une forme spécifique d'acculturation et d'usurpation.
Le livre en question est réalisé à partir d'une transcription en double version : version originale espagnole et traduction en français. Il s'intitule Chants d'histoire et de vie et porte comme nom d'auteur "Peuple sahraoui".
Le fait qu'il ait été écrit et préfacé par Nabil Farès est une sérieuse référence, preuve de l'authenticité, de la qualité des textes et de leur portée symbolique dans un monde où les esprits sont brouillés et les peuples déboussolés tant les relations sont fondées sur l'intérêt et la force.
Chants d'histoire et de vie : Le titre n'a pas été donné… au hasard, en raison de ses marques connotatives renvoyant à deux vastes champs d'exploration que nul ne peut prétendre être capable de cerner dans leur totalité : l'histoire millénaire et la vie au quotidien qui apporte sans cesse de l'eau au moulin de cette histoire. L'histoire du peuple sahraoui s'est construite dans la douleur, l'instabilité et l'agression au quotidien.
La mise en exergue de ces paroles au verso de la couverture apporte quelques signes à méditer sur l'histoire des peuples menacés de disparition : "Ce que la Rose est à l'Etoile, le peuple l'est au sable, et le désert au monde, car, depuis plus d'un siècle, les déserts meurent avec leurs peuples et leurs sables ; depuis plus d'un siècle, tués par les multiples systèmes de la mise à mort et de la mise en refuge. La guerre actuelle au Sahara occidental est la terrible vérité de cette loi. Et les deux textes écrits par Nabil Farès se font l'écho de ce meurtre. Le livre est dédicacé au peuple sahraoui."
Nabil Farès dont tout le monde connaît les œuvres immortelles, initiateur et auteur de cette publication à L'Harmattan, a réalisé un travail louable. Il a ainsi pérennisé les paroles en rapport avec un peuple en lutte, au moyen du support écrit du livre.Même les illustrations qui accompagnent les textes n'ont pas été choisies au hasard ; elles sont l'œuvre d'un maître.
Elles sont floues au point d'exiger des efforts de décryptage : il faut regarder attentivement, formuler des hypothèses de sens pour chaque forme en noir et blanc ; point n'est besoin en effet d'introduire des images en multicolore, la vie étant en elle-même triste sous l'occupation étrangère vu l'histoire marquée par une succession de longues nuits coloniales.
L'écriture en caractères latins est déjà sans conteste un vestige d'une colonisation multiséculaire, pour qui connaît Saguia El-Hamra d'où sont venus de nombreux marabouts qui ont fondé en Algérie des lieux de prière, enseigné le Coran, contribué sans nul doute à la création de nombreuses zaouias.
Bien avant les colonisations qui ont transformé à leur avantage la colonie, il y avait des populations stabilisées qui vivaient en autosuffisance, parlaient une langue, avaient une culture et une civilisation.Une poésie à coloration locale : On y voit tout ce qui fait partie de l'environnement : espaces sablonneux, végétation chétive, roses. La particularité des chants est d'être en vers libres et d'appartenir à une diversité de genres poétiques, y compris en calligrammes composés à la manière d'Apollinaire. C'est une poésie aussi belle que les aspirations du peuple ; on s'y plonge dès les premières pages au point de ne plus pouvoir s'en sortir, la thématique étant plus forte qu'on ne le pense. Il n'y a point de titre ni de signatures individualisées. "D'Angala à Mahbes, de Haouza à Tindouf" ouvre un poème comme refrain qui anticipe sur les préoccupations majeures du peuple exprimées de manière concise et claire d'où se dégagent aussi quelques images connotant fortement la fragilité, la naïveté mais aussi l'incertitude du lendemain. Point de pastiche dans cette poésie, les mots viennent naturellement du tréfonds d'un espace désertique pour exprimer des cris d'un peuple.
Des textes pour chanter et raconter : Composés peut-être dans des situations particulières, dans l'ordre des péripéties d'une longue histoire, les vers assez bien élaborés pour convaincre, rendre compte à la manière d'un maître de la narration une actualité brûlante, celle où la vie et la mort se côtoient comme de vieux compagnons qui s'excluent mutuellement. Le peuple s'accroche à la vie parce qu'il n'y a rien de plus légitime que d'avoir droit à son espace de bonheur. L'auteur raconte au rythme d'une versification irrégulière la vie telle qu'elle est vécue au quotidien, dans la peur permanente de passer de vie à trépas d'un moment à l'autre. C'est quand même dramatique que de se sentir menacé dans le pays de ses ancêtres, parce qu'une guerre injuste y est installée depuis des décennies.
Paroles plurielles, poèmes circonstanciels, telles sont ces chansons qui se transmettent non pas seulement pour fasciner, mais pour interroger, faire rentrer dans les esprits le sens d'une cause qui n'arrive pas à se faire reconnaître, malgré la force de sa légitimité. Il arrive que la chanson soit descriptive non pas seulement des circonstances difficiles que traverse un peuple en lutte, mais d'un environnement dans toutes ses spécificités.
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