Paroisse en marche
Chapitre 16

La Société de Saint Vincent de Paul fondée par M. Fabre remplissait sa mission de bienfaisance mais il était nécessaire de la doubler d'une oeuvre philanthropique plus générale. Celle-ci se réalisa avec le "Secours Catholique" dont M. Joseph Génolini devint Président. Elle débuta en octobre 1956, poursuivant une oeuvre bienfaisante parmi la population européenne et musulmane et portant les secours jusque dans les douars les plus éloignés de la paroisse et du département. En 1962, à l'indépendance de l'Algérie, elle céda la place à "Caritas Internationale".

L'homme étant composé de corps et d'âme, il lui faut donc allier le spirituel, le matériel et le temporel. Si le vestiaire liturgique était entièrement renouvelé, il fallait porter remède aux sièges vétustes ainsi qu'aux vitraux cassés et à la porte d'entrée afin d'éviter l'air froid et parfois glacial dans la nef. Il fallait aussi ménager l'effort auditif des fidèles car l'acoustique de l'église était très mauvaise; pour y remédier, des haut-parleurs furent installés le long de la nef tandis que la chaire, qui gênait la visibilité de l'autel, était déplacée; les prédications se firent dès lors depuis l'appui de communion et au micro.

Il faut aussi distraire. Dès 1951, les familles sont assurées d'avoir des distractions saines; c'est d'abord le cinéma paroissial qui fait son apparition et, après une période d'essai, il est réorganisé en salle familiale dans un local mieux aménagé, par suite de la fermeture de l'école Féfix-Faure. Et puis, au début du mois de juillet, chaque année, depuis 1951, a lieu la kermesse paroissiale qui attire de nombreux visiteurs venus passer d'agréables moments; on y trouve de tout, on s'y amuse et on fait une bonne oeuvre.

Mais depuis 1954, la tragédie algérienne sévissait dans les Aurès et, peu à peu, elle se propageait dans toute l'Algérie. Saïda en fut épargné jusqu'à Noël 1956 et continuait à être dirigée par M. Danis jusqu'à son retour en France en avril 1959 et par votre serviteur jusqu'en 1962 et la dispersion de notre communauté. Toute cette période marqua crucialement la paroisse avec les premières victimes qui tombèrent sur la route de Tifrit et puis toutes les autres et une liste qui, malheureusement, s'allongeait tant du cote français que du coté algérien. Nous passerons sous silence cette période pénible pour nos coeurs. Nous gardons cette liste dans nos archives et surtout dans notre mémoire pour que nous ayons en horreur ces luttes entre hommes qui oublient la charité et Dieu.


Texte du
Père Escolano


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