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27 avril 2020

LUTTE OUVRIERE N'EST PAS EXEMPTE D'UN CERTAIN SECTARISME

Colmar, le 27 avril 2020

Par Jean-Michel WEISSGERBER

(questions harkis, Mayotte entre autres)

Les militants trotskystes de Lutte Ouvrière, se présentent comme des communistes socialistes, révolutionnaires et internationalistes.

En dehors de toute considération idéologique, ce qui me les rend sympathiques, c'est que manifestement l'opportunisme n'apparaît pas être leur fort et que le militantisme singulièrement pour défendre les humbles et les travailleurs, c'est réconfortant.

Un plus par rapport à leurs concurrents du NPA, le courant L.O. jusqu'alors semble imperméable à la propagande pro-voile de bien trop d'islamo-gauchistes.

Fort bien !

Un premier problème néanmoins : ils ne disent pas grand-chose devant une réalité incontournable : là où les communistes ont pris le pouvoir cela n'a pas marché, mais de surcroît cela s'est terminé par des hécatombes de dizaines de millions de morts (Goulag, Longaï de la Chine maoïste, exterminations polpotistes).

Deuxième problème qui me touche de plus près en tant que défenseur patenté des Français d'Outre-Mer : ceux qui ont été "colonisés" par la France n'ont guère le choix, ils peuvent se revendiquer comme des citoyens Français mais doivent obligatoirement se considérer comme des Algériens d'une part, comme des Comoriens de l'autre…

Certes, Arlette LAGUILLER et Nathalie ARTHAUD s'avèrent un peu plus subtiles que le lourdingue député du parti communiste Français LECOQ qui vaticine sur l'île "comorienne" de Mayotte.

De surcroît, Lutte Ouvrière m'a ouvert ses colonnes à plusieurs reprises quand j'ai plaidé la cause de ma vie, mais en fin de compte pour elle, il n'y a pas de débat possible, il ne saurait y avoir de débat !

Les harkis (en réponse à des interrogations que j'ai exprimées de concert avec mes vieux camarades, aujourd'hui disparus, Driss AISSANI et Ahmed KABERSELI) "avaient choisi le camp de l'impérialisme français et ne pouvaient que s'être trompés et s'être rangés du côté de leurs pires oppresseurs (1) (Lutte Ouvrière dans le courant de l'été 1977, en réponse à un texte de l'Association Islamique des Rapatriés d'Algérie de Mulhouse).

Les Mahorais -souvent rejoints par les rattachistes de l'île d'Anjouan- ne sauraient voir leurs revendications liées à la qualité de Français, l'emporter, car en fin de compte, le statut de département de l'Ile de Mayotte reste entaché de suspicion lié qu'il est (je cite) "par une de ces situations inextricables créées suite à une histoire marquée par la conquête coloniale, par des années de dépendance suivie d'une indépendance octroyée (lettre du 3 mars 2000 d'Arlette LAGUILLER au dit citoyen Jean-Michel WEISSGERBER qui lui a écrit à de nombreuses reprises dont le 16 février 2000).

La camarade Arlette finasse et veut faire croire dans son argumentation (contre toute évidence) qu'une partie (sic !) de la population mahoraise préfère se retrouver dans le cadre de l'attachement (admirons la manipulation ourdie dans le choix des termes du vocabulaire) plutôt que de se retrouver dans le cadre de l'État comorien (2), "Une partie », tu parles Charles, alors qu'il s'agit en réalité de l'immense majorité…

Franchement Arlette, tu n'es pas sérieuse car tu oublies, en sus, que plus des deux tiers des originaires de l'archipel des Comores ont aujourd'hui la nationalité française (3) ! Qu'est-ce donc que cette sinistre comédie où les Grands Comoriens de Marseille sont deux fois plus nombreux (voire davantage que ceux de la prétendue "capitale comorienne'' à savoir Moroni.

Mais en relisant la missive que m'a adressée, il y a plus de vingt ans, la camarade Arlette, je suis sidéré par sa naïveté ou peut-être encore plus par son cynisme !

Voici ce qu'elle a osé m'écrire "Mais vous savez aussi que si l'appartenance (4) à la France assure quelques avantages (5) en matière de salaire ou de protection sociale, les Mahorais -en tous les cas ceux des classes populaires- seront considérés en France comme des citoyens de seconde zone, en butte de surcroît au racisme et à la xénophobie". En espérant malgré tout me convaincre, la bouillante Arlette a ajouté, cerise sur le gâteau : "En tant que défenseur des harkis, vous devez en savoir quelque chose".

Tout est bon pour dénier à nos compatriotes d'Outre-Mer, leur qualité de Français. La benoîte Arlette ne s'est même pas rendu compte qu'elle prend les Mahorais, les harkis, voire les Antillais pour de grands enfants incapables de faire valoir leurs droits de citoyens français !

In fine, mieux vaut pour elle la fatalité du "racisme" et celle de la "xénophobie" pourvu que le dogme de l'anti-impérialisme soit préservé !

Alors Arlette et Nathalie à quand un vrai débat, sur cette question comme d'ailleurs sur bien d'autres ?

 

(1)Les pires oppresseurs ces salauds de Français, pas leurs prédécesseurs les Turcs !

(2) Là aussi soyons sérieux, "l'État comorien" n'a jamais existé !

(3) Moins, en 2000, c'est vrai, mais très certainement alors près de la moitié !

(4) Appartenance : le chien appartient à son maître chère Arlette ; les humains sont-ils libres ou non ?

(5) L'assurance de bénéficier d'une instruction, un simple avantage ?

Jean-Michel WEISSGERBER

Article transmis par Maurice Calmein

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11 avril 2020

FARIDA MEGDOUD ET LA PITOYABLE POSITION DE LUTTE OUVRIÈRE SUR LES HARKIS

Colmar, le 8 avril 2020

Par Jean-Michel WEISSGERBER

Lettre ouverte à ma compatriote Farida MEGDOUD de Lutte ouvrière fille d’un soldat français et petite-fille d’un élu français

En ces temps de confinement (et ô horreur ! de « repli ») je suis tombé sur deux documents te concernant :

-          Un article de La République du Centre daté du 22 février 2010 où il est précisé que tu te retrouves tête de liste pour les élections régionales

-          La liste des candidats aux élections européennes de Lutte ouvrière de 2019. Là tu te retrouves en neuvième position, toujours sur la liste Lutte ouvrière.

Tu es née à Palestro (puisque tu es passé par la fac d’histoire d’Orléans : il s’y est passé des événements tragiques là-bas, non ?)

Pour l’article de La République du Centre, on relèvera le nom du journaliste Christian BIDAULT ! Comme le monde est petit, BIDAULT, le patronyme-même du prénommé Georges, à savoir le prestigieux président du Conseil national de la Résistance (C.N.R) !

Georges BIDAULT a été ostracisé, tout comme une autre pointure de la Résistance, Jacques SOUSTELLE, car il a dénoncé, haut et fort, le massacre des harkis, consécutif il faut bien le dire, à la politique calamiteuse des Michel DEBRE, Louis JOXE, Pierre MESSMER et autre Jacques FOCCART !

Dans l’article de Christian (je dis bien Christian), il est fait état des « harkis » justement et pour être précis de ta famille (un grand-père élu dans un des départements français d’outre- Méditerranée, un père gendarme muté après le « rapatriement » de 1962 dans diverses régions de métropole).

Christian BIDAULT évoque la façon honteuse dont la France a traité les harkis, ces gens-là (sic !).

Es-tu vraiment au courant de toute l’ignominie qui recouvre cette période ?

Sais-tu que bien des épisodes ont été occultés ?

As-tu entendu parler des maquis en Kabylie, postérieurement à l’indépendance de l’Algérie, de l’accord OAS-FLN SERGENT-KHIDDER à Bruxelles en 1964 ?

Crois-tu que la réponse de la rédaction de Lutte ouvrière à mon plaidoyer pour les harkis de septembre 1976 « La politique (du FLN) a au contraire repoussé un certain nombre d’Algériens (à commencer par les nationalistes rivaux du MNA) dans les bras de l’impérialisme français » soit pleinement acceptable ?

Sans détour, j’en viens au fait. Depuis bientôt un demi-siècle, non seulement je ne saurais me satisfaire de la position de Lutte ouvrière concernant les harkis, mais je reste vent debout contre les accusations de valets de l’impérialisme qui touchent cette communauté ostracisée !

Et je regrette profondément que mes compagnons de lutte Driss ALSSANI et Ahmed KABERSELI aient aujourd’hui disparu car ils m’épauleraient sans doute pour dénoncer une certaine suffisance (voire veulerie) de trotskystes sectaires ! D’autres leur ont succédé, l’on s’en apercevra rapidement.

Lutte ouvrière après les pitoyables considérations de 1976 s’est encore davantage embourbée, si besoin était, l’année suivante : à un texte de l’association islamique des rapatriés d’Algérie de Mulhouse, la direction du parti n’a pas craint de produire ces propos on ne peut plus affligeants : « Ceux qui avaient choisi le camp de l’impérialisme français au moment de la guerre d’Algérie, quelles que soient les raisons, ne pouvaient que s’être trompés et s’être rangés du côté des pires oppresseurs ».

A présent, très chère Farida, le prénom de ma meilleure amie côté communauté harkie, loin de vouloir ironiser, ce ne serait pas du meilleur goût, permets-moi de te tendre une perche et de te faire savoir que l’éclaircie s’annonce de l’autre côté de la Méditerranée, vois-tu !

Du côté du HIRAK-HIRAK étant l’anagramme et le quasi-synonyme de HARKI !

OBS Algérie du 24 janvier 2020 par Koucella REK, Histoire Vérité : « Il est de notoriété publique, peut-être de plus en plus que la livraison de ce département inégalitaire, ex-joug ottoman, ex rien du tout, fut un échec pour la population. Tout était prévisible et ce, dès 1955, quand la bande armée, l’ALN s’est acharnée sur sa propre population pour qu’elle suive, sous la contrainte, par la corde et le couteau… Tout était prévisible, mes messalistes, les Harkis ensuite, les seuls à les combattre eux et leurs diktats sanguinaires, furent d’une clairvoyance infaillible ».

Le temps a fini par rendre justice aux Harkis, incompris et injustement accusés et persécutés…

Ironie de l’histoire depuis l’indépendance, ce sont près de quatre à cinq millions d’Algériens qui les ont rejoints en France, devenant Français comme eux.

Et ce n’est pas fini !

Oui, Farida, ce n’est pas fini ! A tous points de vue.


Post-scriptum

Que cela se sache ! Je défends l’honneur d’une communauté et non tous les harkis pris individuellement, aujourd’hui filles et fils de harkis, voire petits-enfants…

Las ! Comme pour d’autres Français de multiples extractions, il y a parmi eux, une proportion non négligeable de « brebis galeuses » ! ! Faisant abstraction des Alice, Dalida et Fatima qui taquinèrent la plume prétentieusement et en fin de compte vainement, il existe un certain nombre de filles de harkis qui par cupidité pactisent avec les assassins de leurs pères : n’est-ce pas Aouada C. qui pour l’octroi d’une villa outre-Méditerranée se livre à la sinistre comédie d’un mariage « blanc » permettant de surcroît la complicité de la fausse « divorcée » de faire venir toute la smala de là-bas (drapeau FLN garanti d’avance au salon !). On imagine aisément à terme tous les dégâts de cette gymnastique déshonorante (des Mohamed MERAH, des frères KOUACHI à pleines brassées). La seule façon de prévenir de nouveaux massacres est bien de limiter la double nationalité et d’opérer du ménage le plus vite possible !

Jean-Michel WEISSGERBER

Additif à mon article concernant ma compatriote Farida MEGDOUD

Les harkis n’ont pas fait le choix de la France, ils étaient français

Défenseur depuis un demi-siècle de la communauté harkie, ayant pris connaissance très récemment du parcours familial et politique de Farida MEGDOUD, il m’apparaissait bien naturel de lui consacrer un texte que j’ai adressé à des sites amis. Aujourd’hui, il m’importe de préciser.

1. Il n’y a pas de discussion possible relative à un choix « exécrable » prétendument opéré par les familles de harkis. Les harkis n’ont pas fait le « choix » de la France. Ils étaient, sont et seront toujours français comme le sont bien d’autres composantes de notre grande communauté nationale, entre autres les Alsaciens et les Mahorais.

Raisonner autrement, c’est faire montre d’a priori idéologique stupide. Le débat est donc clos, camarades de LO, du PC dit F, ou de tout ce qu’on voudra.

2. L’on n’insistera jamais assez sur le fait que Djamila, Farida (mon amie Farida de Mulhouse) ou Taous, sont des rescapés d’un grand massacre ô combien occulté. Doivent et devront répondre devant l’histoire, nombre de barons du gaullisme et du « droits de l’hommisme », pervers et veules (qui ont fait montre de trop de compassion envers des assassins islamistes et de promoteurs de la pédophilie, suivez mon regard !). Je ne cesserai avec plusieurs de mes camarades de dénoncer les responsables d’une tragédie dont on n’a pas encore pris la mesure des conséquences funestes.

Aujourd’hui, je renvoie à ma contribution entre bien d’autres, à la revue Le Clin d’œil n° 119 de décembre 1998. Je m’en prenais au répugnant Pierre MESSMER, exécuteur des basses œuvres du gaullisme finissant en Algérie et aussi au Cameroun. Pierre MESSMER a menti à plusieurs reprises :

- en prétendant qu’aucune sanction n’a été prise à l’encontre des officiers ayant installé des Français musulmans en métropole

- en affirmant qu’aucun supplétif débarqué de ce côté de la Méditerranée n’a été renvoyé en Algérie.

Je citerais en particulier Les Dossiers noirs du racisme, Seuil, 1976, p. 162, d’où il ressort qu’un article du 13 mai 1962 du Figaro fait état du fait suivant : « Hier, cinquante harkis et leurs familles de la région de Palestro ont été également refoulés ». Palestro, cela vous dit quelque chose Farida MEGDOUD ?

La guerre d’Algérie de Pierre MONTAGNON aux éditions Pygmalion, 1984, p. 392, établit que, sur ordre du général DUCOURNAU, les quarante hommes qui composaient la S.A.S des Béni-Béchir ont été débarqués sur la place Marquet et exécutés par les sbires de l’A.L.N.

De tout cela, Lutte Ouvrière à ce jour, avec l’aide ou non de Farida MEGDOUD, n’en parle guère, comme elle n’évoque pas le comportement plus glorieux des militaires français qui recueillirent et sauvèrent bien des familles harkis de l’époque.

Colmar, le 1er mai 2020

Jean-Michel WEISSGERBER

Article transmis par Maurice Calmein

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26 mars 2020

COMMÉMORATION 2020 DU 26 MARS 1962 A PARIS

58ème anniversaire du massacre de la rue d’Isly

Information Importante de l'association des victimes du 26 mars 1962 rue d'Isly à Alger

Veuillez noter que la succession des évènements actuels nous amènent à annuler la messe ainsi que la cérémonie du 26 mars à Paris

Cela fera 58 ans que l’assassinat collectif commis  le 26 mars 1962 à Alger, envers des hommes, femmes sans défense a été accompli, crime pour lequel jamais aucun de nos dirigeants n’a émis le moindre mot de regret. Sans doute que de brandir le drapeau français demeure à leurs yeux une faute impardonnable.

Cette vidéo  n’est pas destinée à nous souvenir car nous n’avons rien oublié, mais puisse-t-elle  interroger ceux qui ne veulent pas savoir.

COMMÉMORATION 2020 DU 26 MARS 1962 A PARIS EN DATE DU 5 JUILLET 2020

En mémoire des victimes

 de ce crime impuni,

l’association des familles des victimes

 vous invite à vous recueillir et

observer une minute de silence chez vous,

jeudi 26 mars à 14h50,

heure précise du début du massacre

En toute fidélité,

Nicole Ferrandis

association des familles des victimes du 26 mars 1962

isly26mars@wanadoo.fr

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22 mars 2020

MERCI ET AU-REVOIR

J-Castano

Chers correspondants et amis, bonjour !

        Voilà 40 ans que j’arpente inlassablement le terrain dans le but d’honorer une promesse faite, en 1962, à l’âge de 15 ans, en souvenir d’un ami « disparu » le 5 juillet 1962 à ORAN. Durant toutes ces années, je n’ai ménagé ni ma peine, ni mes efforts dans l’accomplissement de cette œuvre de mémoire…

        Aujourd’hui, à 73 ans, la lassitude s’intensifiant, l’heure est venue de « rentrer dans le rang »… au grand plaisir de ceux qui, à défaut d’en avoir fait autant, n’ont eu de cesse de me dénigrer et d’user à mon endroit d’arguments démagogiques les plus ignobles…

        J’ai donc pris la décision de cesser tout rédactionnel et ne plus vous saturer de mes envois… hormis (éventuellement) les communiqués transmis par les associations amies. Mon ordinateur étant désormais très peu visité, je vous serais obligé de bien vouloir, également, cesser tout transfert d’articles que je reçois généralement à la puissance 10…

        Ce fut un immense plaisir d’avoir échangé avec vous durant tant d’années et, en vous souhaitant une bonne santé, je vous adresse un amical salut.

                Que Dieu vous garde.

        José CASTANO

6 mars 2020

57ième ANNIVERSAIRE DE L'EXÉCUTION DE JEAN BASTIEN-THIRY

 

Chers amis,
   Veuillez trouver ci-joint l'invitation aux manifestations organisées par le Cercle JBT pour le 57ème anniversaire de l'exécution de Jean Bastien-Thiry

 

   Merci de bien vouloir diffuser.
   Avec toute notre reconnaissance pour votre fidélité au souvenir de Jean Bastien-Thiry,

 

           Hélène Bastien-Thiry

 

1

2

Souvenons nous....

C'était le 11 mars 1963

A l'aube de cette journée Jean-Bastien Thiry est passé par les armes au fort d'ivry

Nous n'avons rien oublié...

A Marseille

Ce 11 mars 2020

c'est  à 15h30 en la Basilique du Sacré Coeur  sur le Prado  que nous nous retrouverons pour lui rendre un nouvel hommage

Venez nombreux


 

Informations Importantes AOBR

Veuillez noter que la succession des évènements actuels nous amènent à prendre les disposition suivantes

* annulation de toutes les permanences du mardi

* annulation de tous les repas et autres rencontres prévues dans nos programmes....Y compris , à notre grand regret, la Paella de Pâques, nous ne serons pas à Nîmes, annulation du voyage à Procida

Avec l'accord de nos amis Algérois, accord pour annuler la messe du 26 mars à Marseille. Si la situation le permet nous envisageons de reporter cette messe au 5 juillet. C'est ensemble que nous prierons nos morts de ces tragiques journées.

Nous vous informerons en temps et en heure, nous maintenons : les deux dépôts de Gerbes de 11h d'Aix en Provence et de Marignane

Retour "C.N.R."

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29 février 2020

LA POUSSÉE DE FIÈVRE DE GAULLÂTRE DU DOCTEUR JEAN ROTTNER

Colmar, le 27 février 2020

Par Jean-Michel WEISSGERBER

Jean ROTTNER, docteur en médecine, a une “urgence” : rendre un hommage très appuyé à la mémoire du “grand Charles” les 18 et 19 juin 2020 à Colombey-Les-Deux-Mosquées où les 169 élus du Conseil Régional du Grand Est seraient appelés à con-claver en séances plénières.

Si l’on conçoit aisément que les mérites du “Général” première mouture, celui du 18 juin et de la Deuxième Guerre Mondiale ont un tant soit peu droit de citer, la figure historique en cause a pour le moins pâli à cause tout particulièrement des évènements d’Algérie de 1958 à 1962.

Encore convient-il d’ajouter pour le moins :

-       Un, qu’à l’issue d’une conférence à Colmar le 26 novembre 2019, l’historienne de la shoah Annette WIEVIORKA m’a publiquement approuvé lorsque j’estimais que jusqu’en 1942, les Français dans leur majorité étaient maréchalistes.

-       Deux, ne serait-ce que par l’existence et encore plus par l’importance des vichysto-résistants, les choses apparaissent beaucoup moins claires qu’une vision très manichéenne de l’histoire le laisse entendre. Ce qui par contre est parfaitement évident c’est le côté très sombre de la politique gaulliste en 1962 où se mêlent le parjure, l’abandon honteux, les mensonges éhontés, entre autres, des “accords” dits d’Evian.

Riposte Laïque, contribution du 26 septembre 2019 de Gérard BRAZON qui se proclame avant tout gaulliste : “Louis JOXE fut un acteur important de cette monstruosité que fut l’abandon des harkis aux couteaux du FLN, voulu par… le Général de Gaulle”.

Glané sur la toile, une analyse de Tiphanie LOUIS, professeur à Chaumont et d’Evelyne MASSON-VIARDOT, professeur au lycée Charles-de-Gaulle (sic!) à Chaumont.

“Au cours de l’été 1962, le ministre des Armées Pierre MESSMER pense que l’armée doit protéger ces harkis des exactions. De Gaulle (NDLR : souligné dans le texte original) s’y refuse… (D’où massacre) cela va des yeux crevés à la décapitation ou à la pendaison, en passant par le plongeon dans de l’eau bouillante”…

Quand on songe à cela, on se dit que l'opprobre uniquement jetée sur les défenseurs maréchalistes du régime de Vichy doit interpeller tout honnête homme, qui forcément s’interrogera sur le voile jeté sur le côté obscur de Qui-vous-savez, responsable également du massacre de la Rue d’Isly à Alger le 26 mars 1962 et des événements épouvantables qui se déroulèrent le 5 juillet 1962 à Oran, où seul le capitaine Rabah KHELIF  sauva l’honneur de la France !

JeanRottner

Alors, M. le Président du Conseil Régional du Grand Est, flanqué de votre directeur de cabinet, ancien directeur général du mémorial Charles de Gaulle, un peu de décence s’il vous plaît !!!

Jean-Michel WEISSGERBER

Article transmis par Maurice Calmein

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(A l’initiative de l’existence de la Place du sergent-chef Kouider GUERROUDJ et de tous les harkis).

16 février 2020

LA STATUE DE LA MINA

Ce samedi après-midi nous jouons au petit tas avec les pignols, pour une fois c’est moi qui gagne.
- Purée, René t’as de l’atteint aujourd’hui.
- Pourquoi aujourd’hui, j’ai pas de l’atteint d’habitude ? et puis qu’est-ce que tu manges encore Marcel ?
- Des torraïcos…
- Tu dois avoir le ver solitaire pour avoir toujours faim, torraïcos, cacahuètes, tramusos, jujubes, calentica….
- T’en veux ?
- Non-merci, je vise mal la bouche pleine.
Mon bras est ferme et mon noyau d’abricot dégomme le petit tas, mon petit sac de jute se gonfle un peu plus.
Assez brutalement le ciel s’assombrit, le vent se lève avec une violence incroyable, il fait presque nuit, un immense éclair zèbre le ciel. Le tonnerre qui lui succède fait vibrer toute la rue, inutile de dire que les pignols sont vite rangés.
D’énormes gouttes de pluie commencent à claquer sur le sol. Éclairs et tonnerres se succèdent, la pluie devient drue, un vrai rideau épais, en un clin d’œil la rue se transforme en rivière, les gens courent se mettre à l’abri sous les arcades de la rue d’Arzew.
Nous nous engouffrons dans le couloir de chez Bernard, nous sommes trempes et pourtant nous ne sommes restés sous la pluie que le temps de faire vingt mètres et nous voilà mouillés comme une soupe.
Cette pluie va faire du bien car depuis quelques jours c’est une étouffante chaleur torride.
Petit à petit les roulements de tonnerres s’estompent et s’éloignent, le soleil revient, la chaussée fume sous l’effet de la chaleur
- On devrait aller au ravin de la Mina, dit Marcel
- Pourquoi faire ?
- Dans quelques temps on ne pourra plus y aller à cause des travaux et avec une telle pluie on pourra facilement récupérer de l’argile.
Drôle de surprise, une immense palissade nous interdit l’accès au ravin.

FRONT DE MER

Les travaux du prolongement du boulevard Front de Mer ont commencé

- Aousse moi que je fasse cabessica, dit Robert.
Je croise mes doigts, Robert y glisse son pied droit et se soulève. Avec sa main gauche il saisit le haut des planches, pose ensuite ses deux pieds sur mes épaules et tout doucement il lève la tête jusqu’à ce que ses yeux dépassent le haut de la palissade.
- Alors ? Crie tout le reste de l’équipe.
- Il y a des grands trous pleins d’eau avec des ferrailles en forme de canes qui sorte de l’eau.
Ce qui veut dire que le chantier a bien commencé, les fondations du futur boulevard Front de Mer sont coulées et les ferrailles en forme de canes sont la future liaison avec les piliers.
- Ya du monde ?
- Walou !
- Même pas un garde ?
- Rewalou.
Ha ! Le garde si moi je ne m’en rappelle pas, mes fesses s’en souviennent.
Aux quatre Chemins entre saint Eugène et Dar Beïda il y a une route bordée de magnifiques mûriers. A l’époque des vers à soie, à la fin du printemps, on monte aux quatre chemins et c’est vrai que l’on massacre un peu ces pauvres mûriers. Mais les vers à soie sont très délicats, ils n’aiment pas la salade, ils n’aiment que les feuilles de mûrier.
Alors si tu veux avoir de beaux cocons dans ta boîte de souliers il faut des feuilles de mûrier. Tu peux les acheter, face à l’école Jules Renard le marchand de bonbons te vend des feuilles de mûrier mais elles valent le gusto et la gana, du moins pour nos bourses plates.
Le jeudi matin nous allions faire une razzia aux quatre chemins, nous mettions de côté la consommation de nos vers à soie, et l’après-midi à la sortie du studio des jeunes, à cent sous la branche, nous gagnions vite et bien notre vie.
Mais voilà un jeudi matin juste à la fin de la récolte, je suis sur un arbre et je vois les copains détaler
- Le garde, René, taillo…
Au moment où j’atteins le sol, une détonation claque et une violente sensation de brûlure vient inonder le bas de mon dos, mais cela me donne une accélération suffisante pour ne pas être rattrapé.
Pendant quinze jours j’ai eu du mal à m’asseoir, c’est pourquoi les gardes je m’en méfie maintenant.

Heureusement ce n’était qu’une cartouche de sel,

Robert est toujours sur mes épaules et maintenant il ne fait plus seulement cabessica, il a entièrement passé sa tête au-dessus de la palissade.
- Au fond à gauche il y a un passage, dit Robert, baisses toi doucement René.
Je plie les jambes, Robert saute et hop ! Direction le bout de la palissade.
- Faites gaffe ça glisse !
- Mais qu’est-ce qu’ils ont fait de notre Mina ?
Le terrain est un peu apocalyptique, tout est gris blanc, sauf les ferrailles noires en forme de canes qui émergent des trous d’eau. Le passage d’engins pour faire les trous a tout saccagé, il n’y a guère de trace de verdure.
Nous nous dirigeons vers la source qui coule à gros bouillons, garder l’équilibre dans ce bourbier glaiseux n’est pas chose facile et plus souvent qu’à notre tour nous nous retrouvons sur les fesses.
- Bon, Marcel tu ramasses de la terre glaise et on se tire, Marcel….Mais il est où ?
- Regardez, son bras qui dépasse du trou !
Marcel est tombé dans un des trous de fondation des piliers, heureusement il a pu s’agripper à une des ferrailles, nous nous précipitons pour le sortir de ce bourbier, il est enduit de la tête aux pieds d’un coulis d’argile.
Il est tout tremblant, pas de froid parce que le soleil est ressorti, mais il a eu très peur, seul il se serait certainement noyé, en quelque sorte nous lui avons sauvé la vie, nous sommes des héros quoi !
- Allez ouste à la petite source ! On va essayer de te faire une beauté, il faut te rincer et avec la chaleur tu seras vite sec.
- C’est quelle heure ? demande Marcel
- Sept heures, t’es pressé ?
- J’ai rendez-vous avec mes parents à huit heures, nous allons au Colisée voir « les vacances de monsieur Hulot »
Avec de vieux chiffons ramassés sur place et rincés dans la source nous lui refaisons une beauté.
- Voilà t’es beau comme un camion Latil dit Bernard.
- Dommage qu’on a pas de l’estropajo, on t’aurai briqué comme un sou neuf.
- Déjà me de lios l’estropajo c’est pour la vaisselle.
- Allez ouste on remonte au quartier !
- Et doucement parce que ça glisse !
- Purée tché on a même pas ramassé d’argile, s’inquiète Georges.
- Nous non, mais Marcel oui, c’est sûr qu’il n’aura pas de rhumatismes, et dire qu’il y en a qui payent pour faire ça, tu te rends compte la chance que tu as, demain tu prends un billet la loterie algérienne..
Le ciel se plombe à nouveau comme si la pluie allait refaire son apparition, il est vingt heures et il fait presque nuit.
Nous venons d’arriver rue Élisée Reclus, nous sommes à hauteur de la boucherie chevaline, les parents de Marcel sont sur le seuil du numéro 11 et font de grands signes.
Marcel tape un sprint pour rejoindre ses parents et les voilà partis pour le cinéma.

Pendant deux jours aucunes nouvelles de Marcel, sa mère nous a fait savoir qu’il était puni et qu’il ne fallait plus qu’il joue avec des voyous comme nous.
Cette fois la sentence est très dure, car seul, Marcel aurait péri noyé, nous lui avons sauvé la vie, et nous sommes traités de voyous.
Les jours passent et nous trainons rarement au quartier car dès qu’il se commet une « tonterilla », c’est nous que l’on accuse,
Sauf aujourd’hui ou Georges allié à Bernard dispute une partie de « pitchac » contre Robert et moi.
Le pitchac s’est modernisé, autrefois composé de franges de papier glissées dans des pièces de monnaie trouées, il est maintenant formé de rondelles de chambre à air de roues de vélo, assemblées par une ficelle.
C’est un véritable jeu d’adresse et de jonglage avec les pieds, les genoux, les cuisses et la tête. Le pitchac ne doit jamais toucher terre, sinon l’on perd son tour.
Il faut marquer des buts à l’adversaire et donc le tir a un rôle primordial et la « javalette » vaut deux points.
Cette insidieuse javalette déroute l’adversaire, de l’intérieur du pied il faut tirer en passant derrière la jambe d’appui. L’adversaire s’attend à une nouvelle passe et la botte secrète, difficile à exécuter marque deux points.
Le tir direct est interdit, il faut jongler puis tirer.
Les javalettes de Georges sont meurtrières et Bernard fait des exploits sur tous mes tirs, lui d’habitude goal passoire, fait un sans-faute et nous sommes en train de ramasser la peignée du siècle.
Robert engage deux jongleries pied droit, il me passe le pitchac et au moment où je tire une boule de papier descend du ciel, ce qui surprend Bernard et but enfin !
- C’est de la triche ! S’insurge Bernard, j’ai été gêné par la boule de papier !
- Comme si c’était de notre faute et si tu as été gêné c’est bien fait ! Ajoute Robert. Ça suffit la « tchamba » et puis c’est quoi ce « papelico » ?
- C’est l’écriture de Marcel assure Georges en défaisant la boule de papier. Écoutez ce qu’il nous raconte :
« Mes chers amis, je suis puni et je passe mes journées à faire des dictées, des problèmes, des rédactions, des traductions d’anglais et tout le toutim.
Quand nous sommes arrivés au cinéma les lumières commençaient à s’éteindre dans le cinoche il y faisait une chaleur d’enfer.
Les actualités françaises avec les danseuses, le train qui te vient dessus et le coq de Pathé journal pour commencer, un documentaire sur la fabrication du fromage qui durait, durait, durait : j’ai failli m’endormir, heureusement un dessin animé de Popeye le marin et sa copine Olive m’a réveillé..
Puis la lumière est revenu d’abord tout doucement, pendant les réclames d’Afrique Film et à la fin quand le petit noir dit « Afrique Film 13 rue Aubert Alger » en tournant les yeux, la lumière est revenue complètement et c’est là que ma maman a poussé un énorme cri qui a fini de me réveiller.
Tous les regards de la salle étaient tournés vers nous.
- Mon Dieu mon pauvre Marcel il est statufié ! hurlait ma mère
C’est vrai je ressemblais à une statue, la glaise avait complètement séché, j’avais l’impression d’être dans un moule.
- Regardes chérie, il bouge, dit-elle à mon père, vite, il faut l’amener à la clinique.
- Mon fils qu’est-ce qui t’arrive ! Viens vite viens.
On dérange tout le monde à chacun de mes pas des morceaux de glaise sèche tombe sur le sol.
On peut nous suivre à la trace, les gens commencent à rigoler, mon père est rouge de honte.
Arrivés dans le hall, maman met de la salive sur un mouchoir et me frotte la figure.
- Mais c’est de la boue, mais tu es plein de terre. Elle me secoue frénétiquement, la glaise se détache et jonche la moquette du cinéma.
Puis les « calbotes » commencent à pleuvoir, du Colisée jusqu’à la maison, heureusement que l’on habite pas loin.
Voilà, il ne faut pas en vouloir à mes parents, mais la peur et la « rachma » devant tout le monde….
En tout cas merci de m’avoir sauvé la vie.
Et c’est signé Marcel.

Madame Rivier, fidèle à elle-même, est montée chez Marcel et a tout expliqué à ses parents.
Pour se faire pardonner de nous avoir traité de voyous sa maman nous a préparé une bonne agua limon et Marcel n’est plus puni.
Quand a nous La Mina c’est fini !

 René Mancho l'Oranais

15 février 2020

LES SEIGNEURS DE LA GUERRE

S’invitent à FREJUS… VENDREDI 21 FEVRIER 2020 à 18 heures

- De l’Indochine à l’Algérie, la Légion étrangère au combat

- L’Odyssée et la fin tragique du 1erRégiment Etranger de Parachutistes en Algérie.

(Exposé résumé)

            C'est d'un style direct, ardent, percutant dont il a coutume que José Castano, ce fervent partisan de notre Algérie Française -défenseur passionné de notre mémoire- évoque le vécu, l'héroïsme et les sacrifices de ces légionnaires, Fils de France non par le sang reçu mais par le sang versé.

           Il s'attarde peu en fioritures, le temps manque, l'impact de son propos seul importe. Comme j'ai déjà eu l'honneur de le dévoiler lors de sa précédente conférence : « L’Algérie française… ou la mémoire oubliée », l'écrivain cache un fort potentiel émotif et sentimental qu'il laisse à son contact peu paraître… mais qu’il ne peut taire dès qu’il évoque le drame algérien, celui des disparus ou le sacrifice de ces soldats perdus. Sa combativité assidue le rapproche sans conteste de ces hommes qui, ressuscités par sa prose et son Credo, reviennent  forcer notre admiration.

           La mort dans l'honneur, oui !... l'abandon, la capitulation, jamais!... Ces hommes s'étaient couverts de gloire en Indochine ; 12645 d’entre eux  laissèrent leur vie tout simplement parce que la France le leur avait demandé : « Tu vas où l’on meurt ! ». Les autres connurent  les camps de prisonniers du Vietminh, la défaite,  l’abandon et le reniement…

           Pour plus d'un Français, ces légionnaires ne sont, alors, qu'un ramassis de mercenaires au passé louche, payés pour faire la guerre et dont la mort importe peu. En 1954, de retour d’Indochine, ils furent accueillis comme des pestiférés, accablés notamment par les communistes qui injuriaient et frappaient sur leurs civières les blessés ou refusaient de débarquer les cercueils des morts…

           Ce sont des hommes ébranlés qui arrivent en Algérie. Ils portent un fardeau d’obsessions, de lassitude et de mélancolie où se télescopent la souffrance physique et morale endurée dans les camps viets, l’image des drapeaux amenés, celle des copains qu’ils ne reverront plus. Ils découvriront dès lors les pitons désolés, les crevasses, les gorges et les torrents, les paysages déchiquetés, les terrains de guérilla et le désert. De nouveau la souffrance, la grandeur, la passion, la misère et la mort…

           Quand on les lâchait, ces guerriers savaient, mieux que quiconque, se glisser partout, tomber où on ne les attendait pas, prendre aussi l’apparence de la terre, de l’ombre ou de la lumière, se serrer la ceinture, manger de la poussière, avec les mêmes lois que ceux d’en face… Ils constituaient le plus beau régiment du monde ; jalousés, admirés et vénérés parce qu’ils étaient capables de mourir avec panache en criant : « Vive la Légion ! »

            C’étaient ces mêmes hommes qui avaient supporté les maux les plus terribles à Na-Cham, à Cao-Bang et à Diên Biên Phu, dans le Delta du Mékong ou au Tonkin ; ces héros aux caboches cuites et recuites, aux crânes rasés, aux visages et aux corps sillonnés de blessures comme des inscriptions pâlies qui semblaient dire : « Moi j’étais à Nam-Dinh ; moi à That-Khé », où on lisait sur les uns : « Tuyen-Quan ; Ninh-Binh », sur les autres : « Na-Sam, Dong-Khé, Coc-Xa », les bohèmes de la Gloire, héros boueux et quinteux ; horde famélique, mais disciplinée comme une « chiennerie » bien dressée, qui vivait de rien, mourrait pour rien et valait tout.

           La fierté du légionnaire est légendaire : fierté d’être une armée dans l’armée, fierté d’être supérieur aux autres, fierté, amère peut-être, d’être ce corps qui, si souvent depuis 189 ans, est le premier et le dernier recours des généraux : « Faites donner la légion ! ».

           Ses chefs étaient prestigieux tel le colonel Jeanpierre qui modela le 1er REP, ce REP qui était le fier héritier du 1er BEP sacrifié deux fois en Indochine et qui allait, comme son aîné, connaître en Algérie la gloire, les honneurs et la mort. Et cette mort, les légionnaires du 1er REP, pour la première fois de leur histoire, la refuseront, le 8 janvier 1961…

           Unanimement hostiles à la politique algérienne du général de Gaulle, leurs officiers n’acceptaient plus de voir mourir leurs légionnaires alors que l’indépendance de l’Algérie semblait inéluctable. A quoi pouvaient désormais rimer ces opérations incessantes et meurtrières à l’heure où le chef de l’état clamait « qu’il voulait en finir à n’importe quel prix avec le « boulet algérien ». L’absurdité dépassait les bornes. Ils avaient donc décidé de faire la « grève de la mort ».

           Une pluie de sanctions s’abattit sur les révoltés qui furent mis aux arrêts et mutés immédiatement en Métropole. La révolte grondait...

           Elle se concrétisa, trois mois plus tard, le 22 avril 1961, par le soulèvement des meilleures unités combattantes dont le 1er REP était le fer de lance. Mais les palinodies, les revirements et les trahisons des uns eurent raison de la foi, du courage et de l’abnégation des autres. Et ce fut fini !

           Au lendemain de la reddition des généraux, de Gaulle s’empressa d’épurer l’armée française. L’occasion était trop belle d’en finir avec les contestataires trop fidèles en leur idéal et en leur parole. Les régiments qui avaient constitué le « fer de lance » du putsch allaient être dissous : 1er REP, 14ème et 18ème RCP, Groupement des Commandos Parachutistes et Commandos de l’air. Dissoutes, également, la 10ème  et la 25ème  Division Parachutistes.

           Puis le « Cessez-le-feu » fut proclamé. L’ennemi d’hier devint l’interlocuteur privilégié de l’Etat français… et ce fut la fin.

           Une nouvelle fois le drapeau tricolore fut amené. Une nouvelle fois l’armée française plia bagages poursuivie par les regards de douleur et de mépris et les cris de tous ceux qu’elle abandonnait. Le génocide des harkis commençait…

Dans le bled –comme en Indochine- les Musulmans qui avaient toujours été fidèles à la France s’accrochaient désespérément aux camions et, à bout de force, tombaient en pleurant dans la poussière de la route. Ce sont, là, des images que seuls ceux qui ont une conscience ne pourront de si tôt oublier…

           Et c’est de cette façon que mourut l’Algérie française… dans la honte, les larmes et le sang. Oui, c’était bien la fin !… la fin d’un monde… La fin d’une génération de soldats… La fin d’une épopée … la fin d’un mythe… La fin d’une race d’hommes… de vrais… celle des Seigneurs de la guerre !

Jean-Pierre FERNANDEZ Ancien Président de l’Union Nationale des Combattants de Palavas-les-Flots


          Organisée par le Cercle Algérianiste de Fréjus – Saint-Raphaël, cette conférence sera donnée par José CASTANO, le VENDREDI 21 FEVRIER 2020 à 18 heures à la Villa Aurélienne, 85 avenue du Général d'Armées Jean Calliès – 83600 FREJUS. Entrée gratuite.

         A l’issue de la conférence, un repas (facultatif), au prix de 35€, est prévu au restaurant « L’Arena » 139-145, rue du général de gaulle – FREJUS - Tel 04 94 17 09 40 – (Ambiance amicale assurée) - Renseignements et inscriptions (le plus rapidement possible) auprès de :

Antoine SERRAT - tel 06 12 29 48 63  - mail : serrat.antoine@sfr.fr

Ou

Jean DOMENECH – tel 06.21.70.77.24 – mail jean.domenech@sfr.fr


La Kahena

« LA  KAHENA »au Cercle Algérianiste dePERPIGNAN

« La fabuleuse épopée de cette reine berbère qui s’opposa à l’invasion arabe de l’Afrique du Nord »

            Quinze ans après la mort du Prophète Mahomet, les armées arabes abordaient l’Afrique du Nord. Ce pays, jadis transformé par la civilisation romaine, conquis à la foi judéo-chrétienne, va entrer dans l’ensemble, de jour en jour agrandi du monde musulman. C’est alors, que pour faire face à l’envahisseur, une femme va organiser la résistance berbère, réaliser la difficile unité du Maghreb et infliger aux cavaliers arabes de cuisantes défaites. Celle-ci, connue dans l’histoire sous le nom de la Kahéna, avait un caractère sacré. Il signifiait, la sorcière, la prêtresse, la devineresse. Dihia (c’était elle), possédait en effet un don prophétique et était vénérée de son peuple. Mais ses succès mêmes causeront sa chute.

       Durcie par ses victoires dans une orgueilleuse intransigeance, ne vivant plus que pour son clan, cette femme, si longtemps écoutée et obéie, ne pourra maintenir l’unité berbère et juguler les séculaires rivalités entre tribus. Dès lors, elle prédira son propre destin et, cernée par la trahison, verra dans un ultime baroud d’honneur tomber les meilleurs de ses compagnons.

L’islamisation de l’Afrique du Nord était en marche…

Cette conférence organisée par le Cercle Algérianiste de PERPIGNAN  sera donnée par José CASTANO, Samedi 29 Février14h30 - à l'hôtel « Mas des Arcades » - 840, Avenue d'Espagne – 66000 PERPIGNAN - Entrée libre.

Un apéritif/déjeuner à 11h30 (facultatif) précèdera, sur place, la conférence.

Contact renseignements et inscriptions :

E-mail : cercle-algerianiste.perpignan@orange.fr ou martine.azorin@sfr.fr

 Tel. 04 68 35 51 09 ou 04.68.39.84.03


Cette même conférence, organisée par le Cercle Algérianiste de BEZIERS, sera également donnée par José CASTANO, le Samedi 7 Mars 2020 à 15h30 à la Maison de la Vie Associative, rue Jeanne Jugan (après la gare SNCF, en venant d’Agde, rue à gauche ) – 34500 BEZIERS - Entrée gratuite.

        Renseignements auprès de :

Serge OLLA - tel 06.67.60.73.59 -  Mail : serge_olla@yahoo.fr

12 février 2020

UNE CROIX SUR LA CROIX

Colmar, le 10 février 2020

Par Jean-Michel WEISSGERBER

La lecture du quotidien La CROIX, parait-il catholique, donne une petite idée de l'état idéologique délétère dans lequel se trouve notre pays où ce qui se porte le mieux c'est l'avancement à grands pas de la  dhimmitude dans toute son horreur !

Edition du 3 février 2020 :

La Croix estime que la vérité d'une société s'écrit aussi (prière d'apprécier le vocable aussi) à partir d'archives et de témoignages !

Archives et témoignages, page 26 : « L'histoire coloniale se construit petit ».

Pour ma part, et pour être objectif, j'écrirai : « L'histoire des territoires d'outre-mer administrés successivement par le royaume de France et les Républiques françaises, fait l'objet d'études historiques souvent controversées ».

Voyons quelque peu, quels sont les personnages baptisés « historiens » par Béatrice BOUNIOL, dans l'article en question.

Sans surprise force est de constater que ce sont les tenants des thèses qui insistent sur « la reconnaissance des torts faits aux ancêtres de ceux  qui subissent toujours des discriminations ». Tout est dit en une phrase : circulez, il n'y a rien à voir !

Bref, vous m'avez compris: il nous faut impérativement expier, encore expier et toujours expier!

Parmi les grands « facilitateurs » de la repentance sans fin, il y a Pascal BLANCHARD, publicitaire de l 'Histoire coloniale, le zozotan Louis-Georges TIN, président d'honneur du « Conseil  Représentatif des associations noires de France », Pap et Marie NDIAYE, tous deux mulâtres aux discours bien orientés, l'historienne  Myriam COTIVAS, « spécialiste » de l'esclavage et un certain Pierre SINGAROVELOU qui raconte , on s'en doute, les combats de la décolonisation du point de vue des colonisés.

Sortirons-nous un jour de l'auberge de la "repentance ?

Dans la même édition du 3 février apparaît la chronique d'une incertaine Mélinée LE PRIOL qui vaticine sur le documentaire « les Nouveaux Convertis » sur KTO ou « Les Musulmans devenus chrétiens ». Voici ce qu'ose écrire la très pro-palestinienne Mélinée LE PRIOL : « Dommage toutefois d'insister aussi lourdement, durant tout le début du commentaire, sur les agressions et autres menaces de mort subies par ces convertis, menaces dont deux islamologues expliquent à l'écran qu'elles sont sans fondement coranique ».

C’EST BIEN CONNU, L’ISLAM EST LE PROTOTYPE DE LA RELIGION DE TOLERANCE, D’AMOUR ET DE PAIX !

Bon ! Mélinée n'en est pas encore à proclamer : « Ces convertis l'ont bien cherché » ! mais est-ce vraiment nécessaire ?

Camarades, pour ma part, je fais une croix définitive sur LA CROIX, quotidien de plus en plus :

-comique,

-diabolique

-satanique ?

Cochez la ou les cases qui conviennent !

Jean-Michel WEISSGERBER

Article transmis par Maurice Calmein

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10 février 2020

TOULON - 29 JANVIER 2020

Semaine des barricades du 24 janvier au 1er février 1960 à Alger

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Images de Célou MORVAN modifiée et raccourcie

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Retour commémorations

30 janvier 2020

ROGER HOLEINDRE

Nous savions Roger très fatigué mais nous nous raccrochions à l’idée que cet homme était un roc et que rien, ni personne ne pouvait en venir à bout…

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Notre dernier « grognard » s’en est allé rejoindre ses camarades de combat. Nous voici désormais orphelins…Le 25 août 2013 j’avais rédigé, en guise d’hommage, un article sur Roger.

Joseph Castano.

"JC" ROGER HOLEINDRE - UN HOMME D'HONNEUR

 

La France française a dit « Adieu » à Roger Holeindre

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Hommage à Roger Holeindre, qui disait : « notre patrie est aux mains des voyous »

Hommage à Roger Holeindre Publié le 30 janvier 2020 - par Christine Tasin

 Retour "IN MEMORIAM"

 

29 janvier 2020

COMMUNIQUÉ DU CERCLE ALGÉRIANISTE DU 20/01/2020

29 janvier 2020

LA PARTIE DE PITCHAC

Au 11 bis de la rue, une plaque en cuivre discrète, annonce :

« Service de La Qualité de l’Or »

Pour nous cet établissement est une énigme, mais les Malabrera, Sorrentino et tous les bijoutiers d’Oran connaissent bien cette adresse et s’y rendent régulièrement.

Madame Rivier nous a expliqué que dans ce service les bijoux sont testés pour vérifier la qualité de l’or et si tout est conforme un poinçon en forme de tête d’aigle vient certifier l’authenticité du métal.

Lucien est le coursier du service, les sacoches de son vélo transportent de véritables trésors dans des belles boites scellées à la cire rouge.

Grand, les cheveux bruns, raides comme des épines d’oursin, une légère claudication qui ne se remarque que quand il met pied à terre de sa petite reine. Ses pinces à vélo ne quittent jamais le bas de ses pantalons, été comme hiver des mitaines tricotées garnissent ses mains. Ce grand échalas semble toujours sortir d’un sommeil profond peuplé de mauvais rêves, il ne s’éveille que pour nous jouer de mauvais tours, son vélo passe obligatoirement sur notre tracé du « tour de France » bousculant les platicos.

- Oh pardon je ne vous avais pas vu !

- Purée tu pourrais faire attention.

- J’ai dit pardon ça ne vous suffit pas, vous voulez une botcha ou quoi ?

Il attrape par l’oreille mon cousin Norbert :

- Toi t’es pas d’ici alors fais pas le mariole.

- C’est mon cousin et de quoi tu te mêles ?

- Vous êtes une bande de fainéants et je vous ai à l’œil.

La concierge du 11 bis vient de terminer d’astiquer les sols de l’entrée de l’immeuble, elle tord sa serpillière et lance dans la rigole le contenu de son bidon d’eau. Une forte odeur de crésyl parfume toute la rue.

Julien a bien vu que le sol de l’immeuble est encore humide, il n’en a que faire, il pousse son vélo dans l’entrée.

- Ola néné, tu peux pas attendre trois secondes que ça sèche ?

- J’ai pas que ça à faire, moi madame, j’ai l’autorisation du propriétaire de garer mon vélo dans le couloir, et puis vous êtes payée pour nettoyer, pas pour faire des remarques aux fonctionnaires du ministère des finances.

- Il est beau le ministère des finances avec des gandouls comme toi, qu’on les paye pour se promener en vélo.

Vous avez compris, Lucien est un sale type, de ceux qui n’hésitent pas à traiter avec mépris les gens sans défense, les faibles, les petits.

Devant ses chefs c’est une autre histoire.

Il pénètre dans l’immeuble, les roues de son vélo marquent le sol humide de traînées brunes, comme si une peau de serpent s’échappait des pneumatiques.

La concierge marmonne tout en effaçant à la serpillière, encore humide, les marques du délit.

Cinq minutes plus tard, Bernard décide d’aller chercher Robert qui loge aussi au 11 bis.

L’immeuble de Robert est doté d’un magnifique ascenseur, dont la cage est en fer forgé. La cabine en bois exotique est ceinturée par un vitrage finement ciselé.

L’ascenseur est occupé, Bernard décide de grimper les quatre étages qui mènent chez Robert par l’escalier en marbre de Carrare.

Au moment ou il atteint le palier du troisième étage un énorme brouhaha envahit la cage d’escalier, dégringolant les marches une énorme poubelle déverse, son contenu nauséabond, épluchures de légumes, boites de conserves, arêtes de poisson…

Bernard redescend quatre à quatre les escaliers, poursuivi par les détritus. Son cœur cogne violemment dans sa poitrine quand il atteint la rue sous l’œil, toujours orné de sa loupe de l’horloger qui alerté par le bruit est venu sur le seuil de sa boutique voir de quoi il en retourne.

La concierge jaillit à son tour de l’immeuble, et balai à la main elle invective ce pauvre Bernard qui a du mal à retrouver son souffle.

- Petit voyou, viens ici tout de suite et ramasses moi immédiatement toutes les saloperies qui dégoulinent dans l’escalier.

- Je vous jure, j’ai rien fait, j’ai failli prendre la poubelle sur la tête.

- Oui c’est ça la poubelle est montée toute seule et elle a dégringolé les escaliers par l’opération du saint Esprit.

- Je vous jure sur la vie de ma mère que…j’ai rien fait.

Lucien qui sort avec son vélo pour effectuer une livraison entre lui aussi dans le débat.

- Alors madame la portera, on m’engueule pour quelques traces sur le sol mais les immondices et les poubelles renversées ne vous gênent pas ?

- Toi gandul passes ton chemin

- Je passe séñora, mais mon ministère informera qui de droit sur la tenue de l’immeuble qui abrite nos services.

- Et voilà « detras de cabron a la prison », je nettoie la merde des autres, il faut ramasser les cochonneries de gens mal intentionnés et je vais me faire mettre à la porte.

Elle éclate en sanglots.

Nous sommes tous abasourdis par la tournure des événements, c’est Norbert mon cousin qui réagit le plus vite.

- Madame ne pleurez pas, on va tous s’y mettre et à la six, quatre deux vos escaliers seront propres comme s’ils avaient été aux bains maures, allez les gars.

et c’est vrai, nous grimpons les étages, la poubelle est redressée, les épluchures et autres immondices sont remis à la place qu’ils n’auraient jamais du quitter, la serpillière peaufine le travail. Le crésyl vient achever l’ouvrage et la cage d’escalier reprend allure normale.

La concierge nous remercie chaleureusement et s’excuse de nous avoir accusé et surtout Bernard.

Elle entre dans sa loge et en ressort les bras chargés de bonbons.

- Voilà pour vous les enfants et encore merci, vous êtes des anges.

- C’est vraie madame de vrais santicos…

- Arrêtez dis Georges il va nous pousser une auréole derrière la tête et on n’aura pas l’air tonto dans la rue.

 Robert en profite pour m’expliquer l’ascenseur :

- Tu vois la roulette en bas à droite dans la cage ?

- Oui et alors ?

- C’est réservé aux techniciens, si tu bascule cette manette, tu arrêtes l’ascenseur s’il est en marche et tu peux ouvrir la porte et tant que la porte est ouverte la cage reste immobilisée.

- Et s’il y a quelqu’un dedans, tu le coinces

- T’as tout compris !

 Lucien est de retour, à contre-jour, tenant son vélo de la main droite, sa silhouette s’encadre dans l’entrée du couloir.

Les cheveux hirsutes et les pinces à vélo aux chevilles le rendent impressionnant avec en plus le soleil dans le dos il ressemble à un démon remontant des enfers.

- Et bien, on aggrave son cas madame la concierge, vous distribuez des douceurs aux petits voyous du quartier qui pourrissent la cage d’escalier. Vous n’êtes vraiment pas rancunière.

Nous ne demandons pas notre reste et sans prononcer le moindre mot nous quittons l’immeuble pendant que la gardienne claque sa porte.

 Nous sommes maintenant persuadés que celui qui jette les poubelles dans les escaliers n’est autre que Lucien, et ce qui nous révulse le plus c’est qu’il veuille nous faire porter le chapeau. Nos relations n’étaient guère aimables mais là, il déterre la hache de guerre et nous n’avons pas besoins de nous exprimer, nos regards en sortant du couloir en disent long, il faut que Lucien ne reste pas impuni.

Nous avons traîné toute la matinée allant d’un tranquico à l’autre, un peu désœuvrés et encore sous le coup de l’injustice. Lucien tu ne perds rien pour attendre, là tu n’as pas fait mitche tu as carrément franchi la ligne interdite et la punition sera à la hauteur de la faute, monsieur le fonctionnaire du ministère des finances.

A onze heures, Norbert nous sort de la torpeur ambiante.

- Et si on faisait une partie de pitchac, Bernard vas chercher le tien !

- Désolé mon père me l’a confisqué parce que je jouais dans le couloir et que j’ai cassé une assiette accrochée au mur, comme si c’était normal qu’on pende les assiettes au mur.

- On a pas de pitchac, personne n’a une chambre à air de vélo ?

Un ange passe, nous n’avons pas de pitchac, pas de chambre à air

- René, vas chercher une paire de ciseaux, dit Norbert, je vais vous en trouver une de chambre à air, moi.

 Sitôt dit sitôt fait, je galope et quelques secondes après les ciseaux sont dans les mains de Norbert.

 - Georges tu te mets au premier et si la moindre porte s’ouvre, tu siffles et tu montes comme si tu allais chez Robert, les autres, vous surveillez l’entrée et pareil un grand coup de sifflet si quelqu’un de l’immeuble s’approche. René tu viens avec moi.

 Nous pénétrons dans l’immeuble, au fond du couloir sous les boites à lettres, trône le vélo de Lucien.

 Une petite sacoche est accrochée à l’arrière de la selle, Norbert l’ouvre et en sort deux petits démontes pneus.. Avec des gestes précis et rapides il devisse la valve, l’air s’échappe de la chambre à air. Les démontes pneus sont introduits entre la jante et le pneumatique, pendant que je maintiens la position des démontes pneus, Norbert saisit la chambre à air dégonflée et à l’aide des ciseaux il coupe la chambre à dix centimètres de chaque cotés de la valve, vite fait bien fait, le pneu regagne sa place dans la jante, les outils sont replacés dans la sacoche.

beaupichac

Aquarelle Georges Devaux

 Cinq minutes plus tard nous avons un magnifique pitchac avec les rondelles de la chambre à air de Lucien.

 Cette fois c’est un match deux contre deux, au milieu de la rue, Robert et Georges contre mon cousin et moi.

 Mais l’important c’est de mettre notre but juste devant l’entrée de chez Robert pour surveiller le vélo de l’autre tarambana de Lucien.

 Il est midi moins le quart il ne va pas tarder à se manifester.

 J’avoue que je suis pas trop à la partie, surveillant la petite reine de Lucien et Robert et Georges en profitent pour nous mettre javalette sur javalette.

 -  Purée, René, t’y es avec nous ou quoi ? on va prendre la palissa de notre vie, ou tu joues ou tu mates l’autre tchumbo qui va pas tarder a arriver mais tu peux pas faire cuire les brochettes et faire ontoncion à le chat en même temps.

 - Six zéro bandes de tchancléros, crie victorieusement Robert..

 Passe de mon cousin, jonglage extérieur du pied, dribble genoux et tir en javalette.

 Javalette (dessin Georges Devaux)

 

Javalette (dessin Georges Devaux)

 - But !!

 - Et là, c’est qui les tchancléros ?

 - Une grosse tchambonna, tu devrais prendre un dixième de la loterie algérienne, c’est plus que sur que le gros lot il est pour vous.

 - Parles beau merle, javalette deux points, 6 à 2.

 - Chut ! ya le bésugo de Lucien qui est dans le couloir.

 Lucien saisit son vélo par la potence et se dirige vers la sortie de l’immeuble.

 Passant de la pénombre du couloir à l’éblouissement de la rue sous le soleil, il cligne des yeux et ne se rend compte de rien.

 Quand ses pupilles se sont enfin acclimatées, il constate que sa roue arrière est complètement à plat.

 - Me cago la leche !

 - No te cagues que hace peste, répliques Norbert

 Faisant fi de l’intervention de mon cousin, Julien prend sa pompe, défait la valve et commence à pomper de toutes ses forces, malgré ses efforts et le sifflement de la pompe le pneu reste dramatiquement à plat.

 Il arrête de pomper, tourne le roue, passe de l’autre côté du vélo, observe, scrute mais ne voit rien de particulier.

 Avec des gestes brusques et saccadés, il reprend le pompage, des perles de sueur commencent à orner son front, il s’essuie d’un revers de main.

 Le pneu fait toujours triste mine, Lucien commence à s’énerver, il donne un grand coup de pied à la roue, le vélo fait une bortelette et la roue arrière tourne toute seule dans un drôle de cliquetis.

 Il se décide enfin à ouvrir la petite trousse à outils et se saisit des démontes pneus.

 Les mains tremblantes il réussit à faire sauter le pneumatique de la jante et découvre pendant lamentablement de chaque coté de la valve ce qu’il reste de la chambre à air.

 - Portera de mierda !

 S’écrie-t-il en entrant dans le couloir.

 Avec précaution nous le suivons des yeux, sa force décuplée par la rabia, il saisit une poubelle et l’enfourne dans l’ascenseur.

 Rasant les murs nous progressons dans le couloir, la cabine est entre le troisième et quatrième étage. C’est le moment que choisit Robert pour basculer la molette et ouvrir la porte de la cage, aussitôt la cabine s’immobilise.

 Mon cousin tambourine à la porte de la concierge :

 - Séñora il y a quelqu’un qui est coincé dans l’ascenseur.

 - J’arrive tout de suite.

 - Je crois bien que c’est le voleur de poubelles.

 - Jésus, marie, Joseph pardonnez-moi mais je vais me l’empoigner à ce mala leché !!!

 Malgré, son embonpoint elle gravit les escaliers quatre à quatre.

 - Sortez-moi de la,  hurle Lucien.

 - Je vais te sortir de là à grands coups d’escoba, tarambana, mais d’abord je vais expliquer à ton chef qui c’est qui déverse les ordures dans les escaliers.

 Sur la pointe des pieds nous quittons le couloir, une importante partie de pitchac nous attend.

 Lucien a disparu du quartier, il a été muté à la préfecture, le nouveau coursier de la garanti de l’or est un monsieur charmant que nous saluons poliment comme tout enfant bien sage et bien élevé doit le faire..

 René Mancho l'Oranais

 

27 janvier 2020

NOS JEUX

LA PARTIE DE CARTELETTES / LES PLATICOS / LA BAROUFA

1)   LA PARTIE DE CARTELETTES

Il ne nous faut pas grand-chose pour nous occuper, avec un peu d’imagination les objets les plus usuels deviennent de merveilleux jouets.

Une boite d’allumettes vide, par exemple, il suffit de découper la partie illustrée entre les deux frottoirs pour obtenir une« cartelette ».

Et peuvent alors commencer d’acharnées parties.

 Le but du jeu est de retourner les cartelettes, en les frappant avec la paume de la main pour faire apparaître le coté imprimé.

Celui qui les retourne, les empoche.

D

La plus courante des figurines est le JOCKEY.

Elle représente un cavalier et son cheval rouge sur un champ de course d’un vert foncé peu courant sous nos climats.

Le ciel est d’un jaune brûlant, ce qui sied bien pour des allumettes.

Mais comme LE JOCKEY est la boite la plus commune, elle n’a guère de valeur. Certaines cartelettes, notamment celles venus de métropole s’échangent contre dix jockeys, voire plus.

Ce matin, sur le rebord de ma fenêtre se déroule une partie endiablée, j’ai la paume de la main droite toute rouge à force de frapper comme un malade sur ces pauvres cartelettes.

Bernard est entrain de tout rafler.

C’est alors que jaillit de son atelier le roi de la pompe diesel, il a dans ses mains trois bidons d’huile vides, attachés par le goulot à une vieille ficelle.

Quand nos regards se croisent, il porte son index à sa bouche, nous signifiant ainsi de garder le silence.

Une telle connivence de sa part, nous n’avons guère d’affinité, est quelque peu déroutante.

Il accroche la ficelle au pare chocs arrière d’une « quatre chevaux » garée en face de son atelier et glisse les bidons sous la voiture.

Ne connaissant pas le propriétaire du véhicule, nous oublions presque, ce qui s’est passé, d’autant que Bernard à chaque coup de poignet retourne les cartelettes et va nous plumer.

- Tu t’es entraîné toute la nuit ? Avec la tchamba que tu as tu devrais jouer à la loterie algérienne.

- Non il a fait brûler un gros cierge à l’église du saint Esprit.

Bernard qui est de confession israélite, éclate de rire.

- Et ça te fait rire ?

- J’imagine la tête de mon père si je rentre à l’église un cierge à la main.

Le rire devient communicatif et toute la bande glousse à qui mieux mieux.

Personne, sauf le père Fuentes qui guettait derrière ses vitres, n’a vu arriver le propriétaire de la « quatre chevaux ».

Il est grand comme un jour sans pain ou plutôt comme une baguette de chez Busquet, le boulanger de la rue de la Bastille. Il sifflote et son épaisse moustache suit la cadence de ses lèvres. Il est heureux quoi !

- Salut Fuentes, alors ça pompe toujours ?

- Alors José t’as vendu combien de tracteurs cette semaine ?

- Top secret Fuentes.

- T’as pas dû en vendre beaucoup pour rouler en quatre chevaux.

- T’occupe, la belle bagnole est au garage, les clients ça les rassure une petite voiture.

Et le grand gaillard se plie pour entrer dans son automobile, c’est comme un I majuscule qui se transforme en z minuscule.

Nous ne préoccupons pas de leur conversation car pour une fois Bernard n’a pas complètement réussi à retourner l’image :

- Stop, Bernard, là c’est baraquéte.

- Baraquéte pour un gravier ?

- Ya pas de gravier qui tienne, elle n’est pas complètement retourné, c’est baraquéte et c’est à Marcel de jouer mainte…

La phrase de Georges reste en suspens, car « la quatre chevaux » a démarré et les bidons d’huiles font un tintamarre de  jolata  pas possible.

Nous bien sûr on se marre, le grand sifflet se déplie, sort de sa voiture et fonce sur nous. Il donne de grands coups de pied sur le tas de cartelettes qui volent partout et nous invective en nous traitant de noms d’oiseaux bizarres.

Kader qui a tout vu s’interpose :

- Arrêtes José, c’est pas les gosses.

- C’est qui alors ?

- Je te dis c’est pas les gosses et comme je suis pas un cahuéte je ne peux pas te dire qui c’est.

-Oh ! Père Fuentes, falso, toi qui est comme le phare de Kébir à tout surveiller, tu peux nous dire qui c’est le couillon qui s’amuse à ces conneries ?

Le père Fuentes, tourne les talons et sans rien dire ferme la porte de son atelier.

José a tout compris, il tire rageusement sur la ficelle qui casse et lance-le tout sur la porte de l’atelier.

- Et nos cartelettes qui sont toutes déchirées ?

- Le père Fuentes va vous les remplacer.

- Tu parles !

Un coup de première et il démarre en appuyant rageusement sur l’accélérateur.

La partie est gâchée, plus personne n’a envie de continuer sauf Bernard, bien sûr.

-Purée vas, pour une fois que je gagnais, on se fait insulter, on nous massacre les cartelettes, et l’autre devant son atelier qui dit rien, qui joue les santicos. Tu crois pas non !

- Allez, on se casse au petit jardin.

- J’ai faim dit Robert

- C’est à dire ?

- C’est à dire que j’ai très faim et que je mangerai bien un morceau de calentica à la rue de la Bastille

- Et que c’est moi qui régale !

Et nous voilà partis pour casser la croûte, arrivés rue de l’artillerie nous faisons une halte de deux minutes au Colisée, c’est notre cinéma préféré, après le studio des jeunes, bien sur, juste pour jeter un coupd’œil sur les photos du film de la semaine : « Nous irons à Paris »avec Ray Ventura et son orchestre.

- Hé ! c’est samedi soir le cinéma.

- D’ac. Robert, allez les gars que notre Robert y va tomber d’inanition.

Comme tous les matins la rue de la Bastille est débordante de monde, nous slalomons entre les étals des marchands de légumes, les cris des vendeurs résonnent contre les murs :

- Allez madame elle est fraîche, elle est fraîche ma sardine, sardina véritable !

- À la goutte, à la goutte la pastèque !

- Tchoumbo, higo de pala higo, la douzaine pour pas chère.

Les odeurs de fruits, de poissons, de viandes, de friture des taillos, d’épices et de pâtisseries se combinent, s’allient, se mélangent et irriguent le cerveau avec une telle intensité que, même paupières closes, nul ne peut pas se tromper, nous sommes bien rue de la Bastille.

Cette rue rendrait fous les caméléons tant elle déborde de couleurs.

Bernard et Georges ne perdent pas le nord et ramassent les noyaux d’abricot qui traînent sur le sol, pour les futures parties de « pignols », au petit tas ou au souffre.

Nous voici à l’angle de la rue Lamoricière, l’odeur de calentica supplante tous les autres parfums, la plaque du flan de pois chiches dégage des volutes de fumée, preuve, s’il en fallait, de la fraîcheur du produit.

- Et cinq morceaux, bien servis, si ou plait monsieur.

- Avec ou sans pain ?

- Avec, s’il est frais.

- Et ta petite sœur elle est pas fraîche ?

Avec une incroyable dextérité le pain est coupé, ouvert et la calentica installée bien au chaud entre les deux tranches, le marchand saisi ensuite une boite de « citrate de bétaïne » dont le couvercle est troué, et agite sur les sandwiches un harmonieux mélange de sel et de poivre.

- Et oila, bien chaud, bien frais, bien parisien et c’est qui, qui paye ?

- Ma mère va passer tout à l’heure, s’empresse de dire Robert.

-Aïe, aïe, aïe… elle va encore me marchander pendant trois heures, la calentica et des sous que bientôt il faut que je lui donne pour qu’elle soit contente, allez, filez vite !

On se retrouve sur un banc de la place de la Bastille.

-Hé ! Bernard, maintenant que nous sommes devant la chapelle du saint Esprit tu pourrais aller porter un cierge à la sainte Vierge, nous on te prête une allumette.

- Des cierges il a pas besoin d’en acheter il en a deux beaux sous les narines, essuie toi le nez, mocoso, les gens y vont croire qu’on est des jaillullos de la Calère.

-Commencez pas à critiquer la Calère, ma mère elle dit que c’est le plus beau quartier d’Oran et qu’il y a plus de lagagnosos à la place des Victoires qu’à la Calère.

- Purée ! Vous avez vu les fauteuils des cireurs de souliers ?

- On dirait des trônes de prince indiens..

- Tché ça doit rapporter gros de cirer les souliers pour qu’ils se payent d’aussi somptueux fauteuils.

-Qu’il est bamba ce Marcel, c’est la mairie qui les a installés les fauteuils, c’était dans l’Écho d’Oran de la semaine dernière.

- Parce que tu lis l’Écho d’Oran toi maintenant ?

-Ouai, dis Bernard, chaque fois que je vais au cabinet, ma mère coupe les feuilles en quatre et on se torche avec les dernières nouvelles.

- Allez, on se tire de cette place qui me donne le cafard.

- Et pourquoi René ?

- Parce qu’à la fin des vacances on vient ici pour vendre les livres de classe de l’année dernière, acheter les nouveaux et que penser au lycée ce n’est vraiment pas le moment!

- Faudrait pas oublier le père Fuentes.

On retourne au quartier, on laisse passer la journée et demain, avec des idées bien fraîches et bien claires, on voit ce qu’il faut faire.

2)   LES PLATICOS

Cette fois-ci c’est la compétition cycliste la plus célèbre du monde qui est à l’honneur,

Ce matin Bernard qui est le premier levé nous a dessiné un merveilleux parcours du tour de France.

Six étapes, dont une de tunnel avec un saut de trottoir pas facile à réaliser et des lacets qu’il va falloir négocier avec prudence.

Pour jouer au tour de France, ce n’est guère compliqué, il faut d’abord et avant tout un parcours tracé à la craie ou au plâtre. Deux traits parallèles dessinant les formes que l’inspiration du moment nous dicte.Parfois un seul trait, ce qui signifie que nous passons un tunnel. Ensuite il faut bien entendu des coureurs cyclistes et de préférence de très grands champions, Bobet, Robic, Kubler, Koblet, Copi, Bartali.

Les coureurs sont des  platicos, (capsules de limonade) qui pour avoir une stabilité parfaite sont lestées avec de la cire de bougie ou du goudron. Une fois le lestage terminé il faut soigneusement coller la photo de son héros.

Le but du jeu étant de rejoindre l’étape le plus rapidement possible sans sortir des contours du parcours, en poussant le platico d’un bref coup de majeur. En cas de sortie de route retour à l’étape précédente.

A chaque arrivée d’étape, il est attribué à chaque joueur, un certain nombre de points suivant le classement atteint et en fonction du nombre de participants.

Le gagnant étant celui qui totalise le plus de points à l’arrivée de la dernière étape.

La partie peut durer des heures et il faut bien surveiller celui qui tient la marque surtout si c’est ce tromposo de Robert.

Le départ se situe devant l’entrée du 11, sur le rebord du trottoir, juste à côté de l’atelier du révérend père Fuentes, le spécialiste des pompes diesel et des bidons d’huile attachés au cul des quatre chevaux. Il arbore ses grosses lunettes de protection, il a donc l’intention de travailler et donc de nous fiche la paix.

Pour viser le plus juste, il faut se mettre à genoux voire carrément s’allonger par terre, les coudes et les genoux deviennent rapidement couleur chocolat, mais la partie est trop prenante, pour faire des effets de toilette.

Bernard me dit soudain :

- Tu vois ce que je vois ?

- Ouai, une camionnette.

- Et alors ?

-Alors je vois une vieille Juvaquatre Renault transformée en camionnette, avec deux ridelles et un hayon le tout verrouillé par des clavettes.

- T’y es bête ou tu fais semblant ?

- Pourquoi tu dis ça ?

- Bon puisque tu veux que je te mette les points sur les i, elle est à qui cette Juvaquatre ?

- Au père Fuentes et alors ?

- Et alors ça ne te donne pas des envies cette tartana ?

- Tu veux qu’on lui accroche des bidons d’huile ?

- Ah ! Non, pas que ça, il faut une vengeance bien en règle.

- Et c’est nous qu’on va encore ramasser. Purée regarde ce bandit de Georges ça fait trois fois qu’il fout des  rempoujones à mon joueur et que je me retrouve dehors.

- Ne change pas de conversation s’il te plait, il faut qu’il se rappelle ce cabron que quand on fait des conneries on laisse pas accuser les autres.

- Tu proposes quoi ?

- Je propose que l’on piége sa bagnole bien comme il faut, et que se soit le vendeur de tracteurs qui soit accusé.

- On le connaît même pas çui là, on la vue une fois par ici et tu veux….

- Regarde au bout de la station, tu la voies sa quatre chevaux ?

- Bon d’accord, mais ça ne va pas être simple.

- Si c’était simple il y a longtemps que l’histoire serait réglée.

- Bon c’est ton tour de jouer.

- Robert on en est où ?

- C’est Georges qui gagne, Marcel est deuxième, moi troisième, Bernard derrière et toi tu es à la pora, bon dernier.

- Viens voir Robert, tu sais pourquoi elle est souvent là, la bagnole du marchand de tracteurs ?

- Ah que oui ! C’est ma sœur qui me l’a dit, José il est complètement tchalé d’une vendeuse de chez « Primavera », tous les jours que Dieu donne il est collé à la vitrine, puis, il entre, achète une rose rouge, il la paye et l’offre à la vendeuse qui prend à chaque fois le sofoco de sa vie, vu qu’elle devient plus rouge que la rose.

- Et quand c’est qu’il travaille.

- D’où je sais moi ?

- On finit cette partie et on va chez moi j’ai mis une bouteille de coco au frais dans la glacière.

La partie s’emballe, le pouce lâche le majeur qui heurte le platico et celui-ci avance sur le parcours.

Je double Bernard, mais je heurte le Bartali de Robert, ce qui me fait rebondir hors des limites du jeu. Décidément la chcoumoune ne me lâche pas.

Georges franchit la ligne d’arrivée avec son Louison Bobet, Marcel en fait de même, Robert passe la ligne en lançant un énorme cri de joie comme si c’était lui qui avait gagné la partie. Je termine bon dernier, je suis vraiment un tchancléro à ce jeu il ne me reste plusqu’à payer à boire à toute la bande.

La glacière est un meuble peint en blanc qui trône dans la cuisine, il est doublé de liège pour garder la fraîcheur, le froid est produit par un pain de glace qui, bien sur, fond et que je remplace tous les matins.

C’est ma corvée journalière, le vendeur de glace, débite avec dextérité de grands pains de glace à l’aide d’un énorme couperet muni de dents monstrueuses.

Il glisse dans mon sac de jute le morceau quotidien, nous échangeons quelques brèves paroles de civilité et il passe au client suivant. Maman le règle en fin de semaine.

La boisson du jour c’est une bouteille de « coco » que j’ai préparé la veille en faisant dissoudre la poudre de réglisse dans un litre d’eau.

Le liquide coule dans les verres et provoque une fine condensations, gage de fraîcheur.

- Hum mm que c’est bon et frais !

- C’est pas tout ça mais qu’est-ce qu’on fait !

- José s’est vengé sur nous, mais quand il a su la vérité pas un mot d’excuse,  rien.

- Quant au père Fuentes il a laissé faire !

- Donc tous les deux dans le même sac.

Il faut piéger et bien piéger la Juvaquatre du père Fuentes, et il faut que le joli cœur de José soit là pour qu’ils s’embrouillent tous les deux.

Et c’est parti, chacun dit la sienne, les rires fusent, la bouteille de coco rend l’âme, mais pour la bonne cause.

Le plan de bataille s’échafaude, mais il faut agir en plein jour ce qui complique nos interventions.

Midi moins le quart le père Fuentes boucle son atelier, il porte une bonbonne en verre de vingt litres de vin, offerte ce matin même par un viticulteur reconnaissant pour le travail effectué sur son matériel. Il la dépose dans la benne de sa Juvaquatre camionnette, ce qui n’était pas prévu dans nos plans.

3)   LA BAROUFA

Il traverse la rue d’Arzew pour rejoindre le Sphinx la brasserie située à l’angle de la rue de Lourmel, pour s’installer au bar qui regorge de kémia de toutes sortes.

En bon professionnel il va réparer une bouteille d’anisette avec ses copains tout en dégustant des moules, des sardines à l’escabèche, des beignets,des tramoussos, des torraicos et toutes les délicieuses petites choses qui tombent sous la main.

Comme ces amuses gueules sont bien relevées, elles attisent la soif, les tournées de Gras ou de Limiñana vont bon train et le patron, bon commerçant, n’hésite pas à mettre la sienne.

Les conversations deviennent un brouhaha indescriptible, car le ton monte avec le nombre de verres.

Nous avons donc largement le temps d’agir mais cette fois c’est toute la bande qui est là, car il est bientôt midi et il y a pas mal de monde dans la rue.

A la queue leu leu, nous formons un train qui slalome entre les véhicules en stationnement de temps en temps nous tournons un peu plus au tour d’une voiture et le train repart tel le bouyouyou qui rallie Oran à Hammam Bou Adjar.

Arrivés devant la Juvaquatre la ronde recommence et pendant que les copains font un rideau devant la camionnette Georges et moi nous glissons sous les pneus avant une planche appuyée sur une briquette, Robert soulève les clavettes du hayon arrière et les met en équilibre sur le rebord de la fente, Marcel enfonce avec vigueur une énorme pomme de terre dans le pot d’échappement.

Mission accomplie, le train repart et arrivé devant la quatre chevaux de José, grande surprise, les deux pneus arrières sont à plat, elle est garée en queue de la station de taxis et les bons chauffeurs ont du sévir.

- Marcel, à table !

La maman de Marcel met fin au train qui se disloque, une partie de l’équipe regagne le foyer, il est midi trente c’est la sacro-sainte heure du repas.

Georges, Robert, et moi nous allons chez Bernard, il a un beau balcon qui surplombe les lieux du délit. Nous nous installons pour assister à la séance, accroupis pour ne pas être trop visibles et donner des idées aux deux protagonistes.

Monsieur Fuentes arrive le premier, il a l’air tout guilleret et sifflote "étoile des neiges", le pas n’est pas très bien assuré, ce qui laisse supposer que les rafales d’anisette ont dû crépiter très fort.

Il s’y reprend à deux trois fois pour glisser la clé dans la serrure de la Juvaquatre, il s’installe au volant en rebondissant sur son gros popotin histoire de bien se caler sur le siège.

José arrive à son tour, le pas bien détaché, lui n’a pas la démarche chaloupée du père Fuentes, les attentes amoureuses engourdissent moins que l’anis.

La première de la Juvaquatre est enclenchée, un coup de démarreur le véhicule tressaute et explose, comme un coup de canon, les clavettes en équilibre tombent et laissent s’ouvrir les ridelles et le hayon arrière, la bonbonne de vin secouée, roule et s’écroule avec fracas sur le sol, répandant le doux nectar rouge de la plaine de Mascara.

Fuentes révulsé, s’expulse de son véhicule au moment où José arrive devant le sien.

- Tu m’as pas fait ça José ?

- Putain mes pneus, tu m’as pas fait ça Fuentes ?

- T’as vu ou t’es garé, sur la station.

- Non c’est pas eux ?

- Et qui tu veux que ce soit ? Je les ai vus faire des dizaines de fois.

- Allez-viens on va s’expliquer avec ses tchumberos.

-Regarde ma camionnette, le pot d’échappement éclaté comme une pastèque, et le vin, vingt litres d’une pure merveille pour saouler… la rigole….me cago la leche , viens, ils vont nous le payer…..

Nous sommes morts de rire derrière la rambarde du balcon, et du monde au balcon c’est pas ce qui manque car l’explosion à attiré les curieux.

José et Fuentes, à grandes enjambées, atteignent la tête de station, et sans piper mot, frappent, les chauffeurs qui n'ont rien compris répliquent, les autres chauffeurs garés devant le Cyrnos, viennent prêter mains fortes à leurs collègues, mais des copains à José et au père Fuentes débaroulent du Sphinx et de l’Oasis, c’est une saragata sans nom, les coups pleuvent de tous côtés, coups de tête, coups de genou dans le système trois pièces, nez en sang, directs, uppercuts, coups de pied, la baroufa prend de l’ampleur, des dizaines de badaux entourent les protagonistes, certain essaient de les séparer mais comme ils prennent eux aussi des marrons, ils entrent à leur tour dans la bagarre.

Certain roulent par terre, mais continuent à se cogner dessus, les chemises partent en lambeaux, les belles vestes blanches sont maculées de sang.

Tout le monde frappe tout le monde et ce qui devait arriver arrive :

- Joais tché Pépico has cuidado que soy contiguo.

- Qué letché si on peut même plus taper ses copains maintenant ?

- Que patchora que tienes! ontencion derrière toi !

- Celui-là je vais lui tchaffer le nez.

Là, nous les gamins, nous ne rigolons plus, car les évènements prennent une tournure imprévue, qui dépasse tout ce que nous avions envisagé.

C’est une bataille générale.

Toutes sirènes dehors jaillit un fourgon de la police suivit d’un deuxième puis d’un troisième panier à salade qui déglutissent des policiers la matraque en l’air, ils calment tout ce beau monde et embarquent les plus récalcitrants.

Le calme revient petit à petit, les curieux se dispersent, les balcons se vident.

Le quartier a retrouvé son calme.

Si la Juvaquatre, baignant dans son vin, et la Quatre chevaux, avec ses pneus arrière à plat, n’étaient pas là pour en témoigner, nul ne pourrait penser qu’il s’est passé quelque chose, tout porte à croire que nous sommes dans une oasis de paix.

- Purée dit Bernard, c’est fou ce qui peut arriver quand on nous empêche de jouer aux cartelettes !

Ce qui déclenche un éclat de rire général.

Le lendemain matin, Fuentes défile sur le trottoir comme les légionnaires le 14 juillet, démarche chaloupée et fière, jambe gauche épaule droite,jambe droite épaule gauche, torse bombé, arborant comme une décoration un magnifique oeil au beurre noir et un sourire moqueur en direction des taxis qui font mine de ne pas le voir.

- Bonjour les enfants lance-t-il à la cantonade.

- Bonjour monsieur Fuentes répondons-nous dans un ensemble parfait.

- Vous avez vu la peignée qu’on leur a mis à ces feignants.

- On n’était pas là, on s’amusait au square Cayla répond de sa voix la plus angélique ce falso de Robert.

-Vous avez raté une belle baroufa, j’espère qu’ils ne vont plus jouer à Zorro avec les voitures des autres et surtout ne plus accuser les enfants.

Heureusement que nous sommes assis sur le rebord de la fenêtre de ma concierge, car tant de gentillesse envers nous, nous laisse pantois et nous donne presque des regrets.

C’est sûr, maintenant nous en avons la preuve monsieur Fuentes a pris un coup sur la tête.

- Ce pauvre José il a le nez et un bras cassé.

- Le nez et le bras…?

- Le nez pendant la bagarre et le bras à l’hôpital.

- A l’hôpital ?

- Pendant que les docteurs lui soignaient le nez, il s’est débattu et il est tombé du lit, son bras a violemment heurté le carrelage de l’hôpital et n’a pas résisté.

- Et il est plâtré ?

- Le bras complet et sur la figure ils lui ont fait un masque à faire peur…

Et ben ! il n’est pas prêt de retourner chez Primavera !

René Mancho l'Oranais

27 janvier 2020

ND DE SANTA-CRUZ A DALIAS LE 6 ET 7 JUIN 2020

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