Saïda Blédi
Chapitre 7

La vie administrative et l'enseignement égaient mis en place simultanément. Derrière la mairie et sur l'emplacement des jardins qui mènent à la mosquée, se tenait le marché aux bestiaux, "nous disions le marché arabe". Quand la justice de paix fut créée, le marché arabe se déplaça vers la gare, et les bâtiments de la justice, de la mahakma, furent construits. Les magistrats dont j'ai retenu les noms, M. Dejean, dans mon enfance, puis beaucoup plus tard, Dulout, Guibert mon beau-frère, Bentellou, Dussolin, Margaux qui épousa Francine Johner, Noguès, Gaulmain aujourd'hui au Tribunal de la Seine, Gazan Villars qui épousa Renée Saint-Vignes, maintenant à Grasse. L'administration des Domaines, avec sa trilogie Rogier, Magnon et Moulay, les Contributions avec Roche, Pellenc et Verdier, et tant d'autres. Les Chemins de Fer avaient amené à Saïda un contingent important de fonctionnaires. Beaucoup s'y fixèrent leur retraite prise: Reynaud, Sholl, Giudicelli, Bertrand.

Il fallait instruire la jeunesse, ce capital inestimable de tous les pays. L'armée s'en était chargé d'abord, et sa relève fut assurée par une école de fille ouverte par les Soeurs Trinitaires. Ma mère y fut élève avec ses amies Mme Flinois, Carette, Boudol, etc. Peu après, les Frères des écoles chrétiennes ouvrirent l'école Félix Faure, dont le directeur était M. Rieu et les maîtres MM. Huberty, Divol-Etienne. C'était un internat, et bien des jeunes de la région y furent élèves.

Mais le vrai départ fut donné avec la création des écoles publiques. La première école fut celle du quartier de l'Eglise. M. Boileau, un vétéran de la guerre de 1870, y enseigna, mais aussi MM. Crolat, BerfiniI, Ross, Bordes, Jouhaud, le père de notre ami le Général, Louis Cambas et Maurice Solari furent ses élèves. Plus tard ce furent Mme Amsallem, qui y enseigna un demi siècle durant, Mme Costes et encore M. et Mme Maupoume, M. Lacoste M. Pascot, Melle Denis, notre amis Conessa, qui furent de grands maîtres et dont le souvenir est dans toutes les mémoires.

La jeune génération qui suivit ne fut pas moins bonne. Excusez-moi de ne citer personne mais je ne voudrais pas qu'un oubli soit considéré comme un parti pris délibéré. Je veux dire cependant que, fidèles à la tradition, ils furent aussi, et dans des conditions parfois difficiles, des maîtres d'un dévouement et d'une intégrité d'esprit absolus. En 1959, Saïda comptait 130 enseignants et près de 4000 enfants scolarisés. La création d'un CES avait été décidé par le Rectorat, les crédits inscrits au budget de l'Algérie, et seuls les événements de 1959 n'en permirent pas la réalisation.

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